Une saison marquée par des conditions El Niño dans le Pacifique sud-ouest

La saison cyclonique 2023-2024 s’est déroulée dans des conditions ENSO (El Niño Southern Oscillation) de type El Niño. Le phénomène El Niño, apparu en juin 2023, a atteint son paroxysme en novembre/décembre 2023, puis a commencé à décliner en janvier 2024 et a laissé place à des conditions ENSO neutres à partir de juin 2024.

Avec l’installation d’El Niño en juin, la température de la surface de l’eau dans le centre de l’océan Pacifique, entre 160°E et 160°O, augmente et favorise à la fin du mois d’octobre la formation et le développement précoces du premier phénomène cyclonique de la saison 2023-2024, LOLA. Six autres phénomènes se succèdent ensuite jusqu’en avril dont la dépression tropicale forte PAUL qui clôt la saison. Ce sont donc 7 phénomènes au total qui se sont formés et ont atteint au minimum le stade de dépression tropicale modérée dans le Pacifique sud-ouest, contre 10 phénomènes en moyenne habituellement. L’activité cyclonique sur l’ensemble du bassin Pacifique sud-ouest a donc été inférieure à la normale.

La saison 2023-2024 dans le Pacifique sud-ouest se distingue à quelques égards d’une saison classique, en lien avec la présence de conditions El Niño dans le Pacifique :

• Avec la formation de LOLA en octobre son démarrage est précoce. Elle voit ensuite se succéder de manière régulière au fil des mois 7 phénomènes tropicaux jusqu’en avril 2024. Cette répartition étendue dans le temps, avec une absence de pic d’activité cyclonique entre janvier et mars, peut être lié à l’épisode El Niño qui, comme on a pu l’observer lors des saisons passées, a tendance à étendre temporellement la saison cyclonique.
• Les deux dépressions tropicales NAT et OSAI se sont formées au voisinage des îles Samoa, c’est-à-dire plus à l’est de la zone habituelle de formation des phénomènes cycloniques. Ceci est conforme à ce que l’on peut observer lors de conditions El Niño : El Niño tend à étendre spatialement l’activité cyclonique vers le centre et l’est du Pacifique sud-ouest.

Pour la Nouvelle-Calédonie comme pour Wallis-et-Futuna, l’activité cyclonique en 2023-2024 a été inférieure à la normale. Les zones d’avertissement respectives ont été concernées par un seul phénomène : le cyclone tropical très intense LOLA pour la Nouvelle-Calédonie et la dépression tropicale forte NAT pour Wallis-et-Futuna. Pour Wallis-et-Futuna, une saison cyclonique classique compte en moyenne 2 phénomènes et pour la Nouvelle-Calédonie elle comprend en moyenne 3 à 4 phénomènes.

Carte des trajectoires observées des phénomènes tropicaux au cours de la saison 2023-2024 dans le Pacifique Sud-Ouest

Le cyclone tropical LOLA, qui a concerné la Nouvelle-Calédonie au stade de dépression tropicale faible, n’a engendré ni de précipitations ni de vents remarquables.

En revanche, deux phénomènes tropicaux, qui sont restés au stade de dépression tropicale faible et qui ne sont donc pas comptabilisés dans la saison cyclonique 2023-2024, ont apporté d’importantes précipitations :

• Lors du passage de la première, du 8 au 11 février 2024, des cumuls de plus de 400 mm ont été enregistrés sur les communes de Ponérihouen, de Poindimié et de Maré. Des averses d’une rare intensité se sont produites à Maré.
• La seconde a de nouveau apporté d’abondantes et intenses précipitations le 3 février 2024 à Maré : la station de La Roche a enregistré 281,6 mm en 3 heures, soir l’équivalent d’un mois et demi de précipitations. Une telle intensité pluviométrique en 3 h n’avait jamais été atteinte, ni à La Roche, ni à aucune autre station en Nouvelle-Calédonie. À La Roche, le précédent cumul remarquable en 3 heures date du 23 février 2000 avec 257,8 mm. Toutes stations confondues, le précédent cumul remarquable en 3 heures avait été enregistré le 29 février 2020 à la station Goro Usine (PRNC) au Mont-Dore avec 280,6 mm. En 48 heures, le cumul maximal à La Roche s’élève à 422,8 mm, soit l’équivalent de plus de deux mois de pluie en seulement 2 jours.

La saison cyclonique 2023-2024 a été peu active sur la zone de Wallis-et-Futuna. La dépression tropicale forte NAT, qui a pris naissance dans la zone d’avertissement, s’est rapidement éloignée et n’a donc pas nécessité le déclenchement de l’alerte cyclonique.

Au total 7 phénomènes se sont développés dans le Pacifique sud-ouest cette saison, ce qui est nettement inférieur à la moyenne des 46 saisons sur la période 1977-2023 (10 phénomènes). En outre, sur ces 7 phénomènes, un seul a concerné la zone d’avertissement de la Nouvelle-Calédonie (au lieu de 3 à 4 en moyenne) et un seul également a concerné la zone d’avertissement de Wallis-et-Futuna (au lieu de 2 en moyenne).

Une saison marquée par La Niña dans le Pacifique Sud-Ouest

La saison cyclonique 2021-2022 s’est déroulée durant un épisode La Niña, ce qui est synonyme pour le Pacifique sud-ouest de conditions plus chaudes et plus humides que la normale.

L’activité cyclonique sur l’ensemble du bassin Pacifique sud-ouest a été légèrement inférieure à la normale, en termes de nombre de phénomènes, conformément à ce qui est habituellement observé en conditions La Niña : au total, on a observé 8 phénomènes entre décembre 2021 et mai 2022, contre 9,8 habituellement en moyenne. L’environnement particulièrement perturbé sur la région Pacifique sud-ouest a donné naissance, tout au long de la saison, à de nombreux minimums dépressionnaires. Mais ne disposant pas des conditions suffisantes pour former des cyclones matures, ceux-ci ont le plus souvent avorté avant de donner lieu à des phénomènes tropicaux correctement structurés.

Par ailleurs, comme cela est habituellement observé durant une saison La Niña, la zone de formation des phénomènes tropicaux qui ont concerné le Pacifique sud-ouest durant la saison 2021-2022 était plus proche de la Nouvelle-Calédonie et du Vanuatu : sur les 8 phénomènes, 4 se sont formés dans la zone d’alerte de la Nouvelle-Calédonie et ont eu de réelles conséquences sur le pays du fait des importantes pluies qu’ils ont occasionnées : RUBY, EVA, DOVI, FILI.

Enfin, la saison cyclonique 2021-2022 compte un phénomène tardif, GINA qui a évolué entre le 18 et le 22 mai, à distance des îles Loyauté.

Carte des trajectoires observées des phénomènes tropicaux au cours de la saison 2021-2022 dans le Pacifique Sud-Ouest

Décembre 2021 : RUBY effectue son déplacement sur les terres le long de la côte est, ce qui est défavorable à son renforcement : elle restera ainsi au stade de dépression tropicale forte et sa faible étendue a limité les conséquences des vents les plus destructeurs. Toutefois, une vaste bande pluvieuse a apporté des pluies sur le pays avant même que le centre du système ne nous impacte.

Entre fin décembre et mi-janvier : Trois phénomènes (SETH, CODY et TIFFANY) sont passés à suffisamment de distance de la Nouvelle-Calédonie pour éviter des impacts notables.

Février 2022 : DOVI se structure et devient une dépression tropicale modérée entre les îles Loyauté et le Vanuatu puis sa trajectoire passe au sud de Mare puis sur l’Île des Pins, au sud immédiat de la Grande Terre. DOVI devient cyclone juste après son passage sur la Nouvelle-Calédonie.

Entre fin février et début mars 2022 : une dépression tropicale faible a circulé au voisinage de la Nouvelle-Calédonie, provoquant d’importants cumuls de pluies, notamment aux îles Loyauté et sur le sud de la Grande Terre. Cette dépression s’est renforcée brièvement après son passage dans nos eaux et a été nommée EVA. Le système d’alerte cyclonique n’a pas été déclenché pour ce phénomène.

Début avril : la perturbation tropicale FILI se forme à environ 500 km dans le nord-est de Poingam et suit une route vers le sud-ouest tout en se creusant. FILI atteint son maximum d’intensité en devenant dépression tropicale forte et passe au plus près de la Nouvelle-Calédonie à 85 km à l’ouest de Koumac avec des vents établis à 115 km/h près du centre. FILI poursuit sa route le long de la Côte Ouest de la Grande-Terre tout en s’en éloignant progressivement du pays et en perdant en intensité. Les pluies arrosent abondamment tout le pays durant cette période.

La saison cyclonique 2021-2022 a été particulièrement peu active sur la zone de Wallis-et-Futuna. Aucun des phénomènes qui ont circulé dans la zone d’avertissement n’a nécessité le déclenchement de l’alerte cyclonique.

Une saison marquée par des conditions La Niña dans le Pacifique sud-ouest

La saison cyclonique 2022-2023 s’est déroulée en grande partie dans des conditions ENSO (El Niño Southern Oscillation) de type La Niña. Le phénomène La Niña, apparu en octobre 2021, a atteint son paroxysme en novembre/décembre 2022, puis a commencé à décliner en janvier et a laissé place à des conditions ENSO neutres en mars 2023. Ainsi, en lien avec les conditions La Niña, entre novembre et février, la saison cyclonique 2022-2023 s’est déroulée dans des conditions plus chaudes et plus humides que la normale dans le Pacifique sud-ouest. Puis, entre mars et avril, elle s’est poursuivie dans des conditions de température et d’humidité plus proches de la normale.

L’activité cyclonique sur l’ensemble du bassin Pacifique sud-ouest a été inférieure à la normale, en termes de nombre de phénomènes : au total, on a observé 5 phénomènes qui ont atteint au minimum le stade de dépression tropicale modérée contre 9,7 habituellement en moyenne. Les 5 phénomènes se sont produits au cœur de la saison chaude, entre janvier et mars 2023, période pendant laquelle le nombre de phénomènes cycloniques dans le Pacifique sud-ouest atteint habituellement un pic. En début de saison cyclonique, entre novembre et décembre 2022, l’environnement particulièrement perturbé sur la région Pacifique sud-ouest, a donné naissance à de nombreux minimums dépressionnaires. Mais ne disposant pas des conditions suffisantes pour former des cyclones matures, ceux-ci ont le plus souvent avorté avant de donner lieu à des phénomènes tropicaux correctement structurés.

On peut noter le passage à l’ouest du pays, entre le 20 et le 22 janvier, d’une dépression tropicale faible qui ne s’est pas renforcée, mais qui a tout de même provoqué de fortes pluies et rafales sur la Nouvelle-Calédonie.

Par ailleurs, comme cela est habituellement observé dans des conditions La Niña, la zone de formation des phénomènes tropicaux qui ont concerné le Pacifique sud-ouest durant la saison 2022-2023 était plus au sud que la moyenne, donc plus proche de la Nouvelle-Calédonie et du Vanuatu : les 5 phénomènes (HALE, IRÈNE, GABRIELLE, JUDY et KEVIN) ont tous concerné la zone d’alerte de la Nouvelle-Calédonie et ont eu de réelles conséquences sur le pays du fait des importantes pluies qu’ils ont occasionnées.

Carte des trajectoires observées des phénomènes tropicaux au cours de la saison 2022-2023 dans le Pacifique Sud-Ouest

Les phénomènes se sont concentrés sur 2 mois, de début janvier à début mars. Au fil de la saison, les phénomènes ont atteint des stades de développement de plus en plus forts.

Janvier 2023 :

Le 8 janvier, la dépression tropicale modérée HALE passe au plus près des côtes calédoniennes. Son passage provoque :

• des cumuls précipitations supérieurs à 100 mm sur les communes du Mont-Dore, de Dumbéa, de Poindimié et de Hienghène ;
• des rafales dépassant 80 km/h, voire 100 km/h sur la côte Ouest.

Dans la nuit du 17 au 18 janvier, le passage de la dépression tropicale forte IRÈNE à l'est du territoire entraîne :

• des cumuls de précipitations inférieurs à 50 mm sur l'ensemble du pays ;
• des rafales comprises entre 60 et 85 km/h.

Février 2022 :

Le 10 et 11 février, le cyclone tropical GABRIELLE est à environ 500 km de la Grande-Terre et a une trajectoire parallèle à la côte ouest. Il génère :

• des cumuls de précipitations majoritairement inférieures à 25 mm, excepté sur la côte Est et le relief de la chaîne où ils sont compris entre 50 et 80 mm ;
• des rafales de plus de 100 km/h et un vent d'ouest puissant et persistant sur le pays entre le 11 et le 12 février.

Mars 2023 :

Dans la nuit du 1er au 2 mars, JUDY passe au plus près des îles Loyauté, à environ 240 km au nord-est de Maré. Son passage entraîne peu de précipitations et des rafales maximales d'environ 60 km/h.

Dans la nuit du 3 au 4 mars, KEVIN passe à environ 250 km au nord-est de Maré, avec sensiblement le même impact sur le territoire que le cyclone tropical intense JUDY.

La saison cyclonique 2022-2023 a été particulièrement peu active sur la zone de Wallis-et-Futuna. Aucun des phénomènes qui ont circulé dans la zone d’avertissement n’a nécessité le déclenchement de l’alerte cyclonique.

Au total 5 phénomènes se sont développés dans le Pacifique Sud-Ouest cette saison, ce qui est nettement inférieur à la moyenne des 42 saisons sur la période 1977-2019. En revanche, ces 5 phénomènes ont tous concerné la zone d’avertissement de la Nouvelle-Calédonie.

Une saison marquée par La Niña dans le Pacifique Sud-Ouest

Cette saison cyclonique s’est déroulée durant un épisode La Niña, ce qui est synonyme pour la Nouvelle-Calédonie de conditions plus chaudes et plus humides que la normale.

L’activité cyclonique sur l’ensemble du bassin Pacifique Sud-Ouest a été légèrement inférieure à la normale : au total, on n’a observé que 7 phénomènes entre décembre 2020 et mars 2021, contre 9,8 habituellement en moyenne.

Contrairement à ce qui est observé habituellement dans une saison La Niña, la zone de formation des cyclones ne s’est pas décalée plus à l’ouest que la normale : 3 phénomènes se sont formés près des côtes australiennes et 4 ont pris naissance entre le Vanuatu et les Samoa.

Le pic d’activité s’est produit en janvier avec le développement de 4 phénomènes tropicaux.

Carte des trajectoires observées des phénomènes tropicaux au cours de la saison 2020-2021 dans le Pacifique Sud-Ouest

Liste des phénomènes tropicaux

Répartition temporelle

Faits marquants en Nouvelle-Calédonie

En décembre 2020, ANA puis YASA ont transité en bordure de la zone d’avertissement de la Nouvelle-Calédonie sans impacter le territoire, la première au stade de dépression tropicale faible, la seconde au stade de dépression tropicale forte.

Plusieurs épisodes pluvieux se sont succédés entre fin décembre 2020 et fin janvier 2021.

C’est dans ce contexte que LUCAS aborde le nord des Iles Loyauté début février 2021, en phase de décroissance, passant de dépression tropicale forte à modérée. Cependant, les pluies sont abondantes aux Loyauté puis sur le Sud (plus de 400 mm en deux jours à Ouvéa et à Dumbéa) ; et les rafales dépassent 130 km/h aux Loyauté et sur le Sud.

Début mars 2021, NIRAN a frôlé le sud-ouest de la Grande Terre au stade de cyclone tropical et a apporté sur le territoire peu de pluie mais des vents violents, avec des rafales partout supérieures à 100 km/h, jusqu’à 206 km/h enregistrés par la station de Montagne des Sources. Le phénomène se déplaçant rapidement, son influence s’est fait sentir pendant quelques heures seulement.

• Retrouvez les articles concernant le passage de ces deux phénomènes grâce aux liens suivants : LUCAS  et NIRAN.

De plus, une dépression tropicale faible a traversé la Grande Terre dans la nuit du 10 au 11 avril 2021 occasionnant des pluies conséquentes sur la chaîne (plus de 120 mm en 24 heures sur la chaîne) et localement des rafales à plus de 100 km/h. Cliquez ici pour plus d’information.

Faits marquants à Wallis-et-Futuna

Contrairement aux apparences, la saison cyclonique 2020-2021 a été particulièrement peu active sur la zone de Wallis-et-Futuna. Aucun des phénomènes qui ont circulé dans la zone d’avertissement n’ont nécessité le déclenchement de l’alerte cyclonique.

En décembre 2020, ZAZU a atteint le stade de dépression tropicale forte juste avant de sortir de la zone d’avertissement.

Peu après, YASA a touché Fidji au stade de cyclone tropical très intense, mais il est resté à plus de 400 km au sud-est de Futuna et n’a pas eu de conséquence significative sur le Fenua.

Ensuite, ANA a traversé Fidji en tant que dépression tropicale forte et a été classé cyclone tropical après sa sortie de la zone d’avertissement.

Enfin BINA a été brièvement considérée comme une dépression tropicale modérée, mais a été déclassée en dépression tropicale faible juste après son entrée dans la zone d’avertissement.

Répartition en intensité

Au total, 7 phénomènes se sont développés dans le Pacifique Sud-Ouest pendant la saison 2020-2021, ce qui est légèrement inférieur à la moyenne de 9,8, calculée sur 43 saisons dans la période 1977-2020. La proportion de cyclones tropicaux suit la tendance habituelle avec 43 % (3 sur 7), proche de la moyenne qui vaut 40 % environ.