Qui es-tu ?

Mon nom d'artiste est Sham, je suis peintre, graffeur plus précisément car je travaille presque exclusivement à la bombe de peinture. J'ai découvert le graffiti dans les rues de Marseille il y a une quinzaine d'années et j'ai tout de suite été attiré par toute la couleur, les lettres, les personnages qui illustraient les murs de cette grande ville. J'ai été séduit par cette pratique sans cadre précis, où tout est possible sans limite de taille, de sujet ou d'imagination.

Le graffiti est une pratique artistique individuelle mais qui prend tout son sens dans le collectif. J'aime peindre entre amis, les échanges de points de vues, travailler sur de grands espaces.

Depuis quelques années, je travaille aussi seul dans mon atelier à la création de toiles, d'installations ou de customisation d'objets. C'est une pratique différente qui n'est pas du graff mais qui est influencée par mes inspirations liées au graffiti. Pendant de nombreuses années, le graff a été une simple passion, qui s'est transformée en métier depuis maintenant 4 ans. Je réalise des décorations pour des particuliers, des sociétés ou encore des boutiques. Je travaille aussi avec les jeunes calédoniens lors d'ateliers graff. Ces ateliers sont de plus en plus demandés en Calédonie et peu de graffeurs en proposent.

Quelles sont tes sources d'inspiration ?

J'aime avant tout le graffiti pour son origine, c'est-à-dire les lettres.

Le graff est un type de calligraphie parmi d'autres : faire vivre les lettre, leur donner du volume, de la couleur, c'est ce que je préfère. Après, bien sûr, viennent s'ajouter les personnages, paysages... lorsqu'ils sont nécessaires.

J'aime des artistes comme Massoudy ou encore Ben Bella qui réalisent des travaux de calligraphie monumentaux. J'ai beaucoup été inspiré aussi par le travail de J. Pollock. J'aime enfin particulièrement un graffeur mythique qui s'appelait Sigi Von Koeding (RIP) alias Dare, un as du lettering, c'est-à-dire de la façon de composer les lettrages et d'agencer les lettres les unes aux autres.

Après, mon travail n'est pas vraiment influencé. J'aime beaucoup le travail de certains graffeurs sans pour autant avoir envie de faire dans leur style.

J'aime m'inspirer de ce que je vois et de ce que je ressens. La nature est la première à en faire partie et c'est pourquoi la végétation et certains animaux, et plus particulièrement les oiseaux, sont récurrents dans mes peintures.

Comment as-tu conçu l'illustration pour le calendrier Météo-France ?

Suite à votre proposition et la liberté que vous m'aviez accordée, j'ai souhaité faire un calendrier gai, ayant un style à mi-chemin entre le graffiti et le graphisme que l'on peut travailler sur ordinateur.

Les oiseaux représentent pour moi la liberté, la légèreté, la capacité à égayer le quotidien. C'est ce que je souhaite à tous pour 2015.
En arrière-plan, des végétaux dont certains sont imaginaires et d'autres endémiques à la NC, et dans le ciel, des mots et des chiffres, à vous de lire...

J'ai au départ souhaité travailler directement sur un mur de la ville mais les conditions météo du moment n'étant pas au top, j'ai préféré travailler tranquillement dans mon atelier. La fresque visible dans le calendrier fait 9 m sur 2 m. Elle est réalisée exclusivement à la bombe et à main levée.

NDLR : SHAM a réalisé une autre fresque dans les locaux de la météo. La vidéo ci-dessous le montre en plein travail.

Comment et où peut-on voir ton travail ?

Sur des murs de Nouméa avec d'autres amis graffeurs, dans quelques endroits secrets, sur des magasins à Nouméa, Bourail ou encore au Mont-Dore, ou lors de réalisation de performances live à la BD ou pendant des concerts, comme très récemment celui d'IAM à Païta.

J'ai aussi mon blog qui retrace quelques années de peinture sur mur, toiles et objets en tous genres : www.sham-graff-caledonie.blogspot.com.

Des projets pour 2015 ?

Vivre du graff est une bonne chose mais je me suis un peu éloigné de la rue. J'aimerais réaliser plus de peintures de grande taille dans la rue, notamment une série de grands portraits.

Quelques conseils pour ceux qui voudraient suivre le même chemin ?

Le graffiti est une des meilleures choses qui me soit arrivées, je souhaite que de nombreux jeunes ou moins jeunes trouvent aussi du plaisir dans cette pratique.

Le conseil principal est de s'exercer sur papier et sur des murs non visibles au début (endroits abandonnés où cela ne dérangera personne). Beaucoup grillent les étapes. Il faut d'abord apprendre les bases techniques afin d'être propre, après quoi, les gens prendront plaisir à voire des graffs sur les murs de leur ville.

Malheureusement, pour beaucoup, ce n'est qu'un moyen "rebelle" et à la mode pour frimer en marquant salement son nom sur les murs et exister un peu plus aux yeux de notre société.

Le graff a un côté unique : nos salles d'exposition sont les rues et l'entrée est toujours gratuite, alors n'hésitez pas à vous arrêter pour regarder de plus près !