Les informations ci-dessous tiennent compte des conditions météorologiques jusqu'au 10 septembre 2014 inclus.
Bilan pluviométrique depuis janvier 2014
L’ensemble de la Nouvelle-Calédonie connaît un déficit pluviométrique important depuis le passage des dépressions JUNE et EDNA, tant en terme de quantité de précipitations qu’en terme de nombre de jours pluvieux. Les mesures du réseau météorologique de Nouvelle-Calédonie montrent actuellement des conditions sèches à extrêmement sèches pour tous les postes si l'on considère le total des pluies depuis le début de l'année.
Les fortes pluies générées lors du passage de JUNE et d'EDNA ont laissé place à une longue période anormalement sèche depuis mars 2014, qui fût l'un des mois de mars les plus secs depuis le début de nos mesures. Si la sécheresse météorologique est généralisée, toutes les communes ne sont pas logées à la même enseigne. On observe en effet des disparités dans la sévérité de la sécheresse. Les déficits les plus important sont observés aux îles Loyauté et sur la côte Est (en rouge sur la carte ci-dessous). Ces cumuls, extrêmement rares pour des postes de la côte Est, n'en demeurent pas moins supérieurs aux cumuls mesurés sur la côte Ouest.
La carte ci-dessous indique les rapports à la normale des pluies enregistrées entre le 1er janvier et le 31 août 2014 : les quantités de pluies recueillies sont toutes inférieures aux valeurs attendues, ce qui caractérise une sécheresse dite "météorologique".
Depuis le 25 août dernier, les pluies ont été substantielles, si bien que les bilans sont proches voire supérieurs aux normales pour le mois d'août. Cependant, ne nous y trompons pas, nous sommes actuellement dans la période la plus sèche de l'année (août à octobre). Si l'on raisonne en valeur absolue, les quantités tombées sont en effet bien trop faibles pour compenser les déficits accumulés au cours des mois passés et qui ont fortement entamés les réserves. Si l'on totalise les pluies tombées à Koné du 1er août au 11 septembre, on atteint 86,5 mm, soit 25 % de l'écart entre les quantités tombées entre mars et juillet 2014 et la normale saisonnière correspondante.
Les dernières précipitations apportent donc un répit mais sont insuffisantes pour mettre fin à la sécheresse, comme nous allons le voir dans le paragraphe suivant.
Vous pouvez retrouver un certain nombre de relevés dans la rubrique "Climat" ou sur notre page "Agriculture" où sous pourrez également consulter les cumuls décadaires de pluie à Koné par exemple.
{slide=La sécheresse}
On peut caractériser la sécheresse "agricole" en calculant un indice appelé SPI (Standardized Precipitation Index) calculé sur une profondeur variable de 1 à 6 mois, mais l'indice lui-même peut être calculé pour des périodes jusqu'à 24 mois.
Les cartes ci-dessous montrent les indices de sécheresse (SPI) représentés par un code couleur indiquant l'intensité de la sécheresse et calculés sur 4, 6, 9 et 12 mois.
Comme le montre le SPI-6 mois, c'est entre mars et août 2014 que les déficits sont les plus conséquents. On peut de fait qualifier cette période de très sèche à extrêmement sèche. Pour les points en rouge sur la carte, on estime que la durée de retour d'un tel déficit est supérieure à 40 ans.
Pour plus d'informations sur les types de sécheresse et le SPI, consulter la rubrique "Aller plus loin" en fin d'article.
Zoom sur la zone Voh-Koné-Pouembout :
Depuis mars 2014, la sécheresse ne cesse de prendre de l'ampleur. En effet, à l’exception de celui d'août 2014, quasiment tous les cumuls mensuels mesurés sont inférieurs à leur valeur normale. Le vent a également contribué à l'assèchement des sols, notamment durant les mois de mars, avril, mai et juin où le régime d’alizé a été très largement dominant (avec des vitesses bien supérieures à la normale pour mars et avril). Les mois d’avril et juin ont été également plus chauds, ce qui a renforcé l’évapotranspiration du couvert végétal. Les rapports à la normale montrent que depuis le mois de mars, le déficit moyen sur les trois stations est de 60 %. Les mois les plus affectés sont mars, avril et juin où l’on atteint un déficit de 80 %. Au cours de ces périodes, la sécheresse météorologique est modérée. Les cumuls mensuels de mars 2014 pour Voh et Koné sont les plus faibles enregistrés depuis le début des mesures à ces stations : ils se classent respectivement en première et deuxième position. En terme de fréquence non plus, le compte n'y est pas ! Ainsi, depuis le début de l’année 2014, il n’a plu que 33 jours au lieu de 58 jours en temps normal à Koné. |
Evolution du SPI à Koné |
Autres graphes d'évolution du SPI : Boulouparis, Bourail, La Foa, Ouanaham, Poindimié
A quoi faut-il s'attendre pour les prochains mois ?
Le scénario le plus probable à ce jour est que les quantités de pluie soient proches ou inférieures aux normales durant le trimestre septembre-octobre-novembre (pour plus de détails, consulter le Bulletin Mensuel de Prévisions Saisonnières).
Les mois à venir sont statistiquement les plus secs. Ils représentent moins de 20 % des pluies annuelles : le graphe ci-dessous illustre la variabilité annuelle des précipitations et indique la moyenne mensuelle de précipitations sur 25 postes représentatifs en 2014.
On peut donc raisonnablement s’attendre à une accentuation du déficit hydrique pour le trimestre à venir.
A noter qu'un épisode de précpitations localisé ou généralisé peut faire remonter les bilans mais ne suffirait pas, actuellement, à reconstituer les réserves.
Pour aller plus loin
Qu’appelle-t-on "sécheresse" ?
Il existe plusieurs définitions. On parle de sécheresse météorologique lorsqu’il y a un manque de précipitations significatif par rapport à la normale, et ce sur une longue durée. Mais on parle également de sécheresse :
- agricole, dès que le manque de précipitations ralentit ou empêche la croissance des plantes ;
- hydrologique, lorsque le manque de pluie affecte le niveau des eaux de surface et souterraines (rivières, lacs, nappes phréatiques, etc.) ;
- socio-économique, lorsque la demande pour un bien (quelle que soit sa nature : eau potable, nourriture, électricité, etc.) dépasse l’offre en raison d’une baisse de l’approvisionnement en eau due aux conditions météorologiques.
Un indice pour évaluer la sécheresse : le SPI
En météorologie, on calcule un indice appelé SPI (Standard Precipitation Index). Il s'agit d'un indice universel qui permet de caractériser les épisodes de sécheresse météorologique : une période de sécheresse débute lorsque cet indice devient systématiquement négatif et s’achève lorsqu’il redevient positif.
Il a été concu pour quantifier le déficit de précipitations pour plusieurs échelles de temps : 1 mois, 2 mois, etc. jusqu'à 24 mois. Ces laps de temps reflètent l'impact de la sécheresse sur la disponibilté des différentes ressources en eau :
- humidité dans le sol : anomalies sur une période courte ;
- niveau des réservoirs de stockage : anomalie à plus long terme.
Pour évaluer le niveau de sécheresse agricole, l'Organisation Météorologique Mondiale recommande de calculer la valeur du SPI sur des périodes de 1 à 6 mois.
Le tableau ci-dessous associe à chaque classe d'indice une qualification de l'évènement ainsi que la durée de retour associée.
Valeurs du SPI | Qualification | Durée de retour |
2,0 et plus | Extrêmement humide | ≥ 43 ans |
1,5 à 1,99 | Très humide | ≥ 15 ans |
1,0 à 1,49 | Modérément humide | ≥ 6 ans |
-0,99 à 0,99 | Proche de la normale | ≤ 6 ans |
-1 à -1,49 | Modérément sec | ≥ 6 ans |
-1,5 à -1,99 | Très sec | ≥ 15 ans |
-2,0 et moins | Extrêmement sec | ≥ 43 ans |
Et El Niño ?
Après une tendance vers le développement d’un épisode El Niño entre janvier et avril 2014, on observe depuis le mois de juillet une diminution sensible des anomalies de température à la surface de l’océan Pacifique équatorial. Les conditions actuelles sont toujours neutres mais la probabilité que l’été austral 2014/2015 soit marqué par une épisode E l Niño est néanmoins de 65 %. Or El Niño est souvent synonyme de faibles précipitations en Nouvelle-Calédonie (pour plus d’informations sur El Niño et ses impacts en Nouvelle-Calédonie, lire cet article).