Rédigé par Sim Aberson

Plusieurs modèles de prévision de trajectoire des ouragans tournent en opérationnel pour la zone du bassin Atlantique :

  1. CLIPER (CLImatologie et PERsistence), modèle de base utilisé pour comparer les modèles entre eux, est un modèle à régressions statistiques multiples qui utilise au mieux la persistance du mouvement en cours et inclut des informations climatologiques de trajectoire (Aberson 1998). Paradoxalement, jusqu'aux années 80, les scores de CLIPER étaient souvent meilleurs que ceux des autres modèles de prévision numérique.
  2. NHC90 (McAdie 1991), un modèle statistico-dynamique, utilise comme prédicteur le géopotentiel tiré du modèle aéronautique pour produire une trajectoire prévue quatre fois par jour. Les prévisions du NHC90 pour les heures synoptiques de base (00 et 12 UTC) sont tirées du précédent run du modèle aéronautique (12 heures avant). Une version spéciale du NHC90, le NHC90-LATE, tourne aux heures synoptiques de base en même temps que le modèle aéronautique et est disponible quelques heures après le NHC90. Les deux versions du NHC90 tournent de manière opérationnelle depuis 1990. Ce modèle a été mis à jour en 1998 (NHC98).
  3. Le modèle Bêta et Advection (BAM) suit la trajectoire à partir du vent moyen extrapolé du modèle aéronautique entre deux nivaux isobariques. Il démarre de la position réelle de la tempête à laquelle on applique une correction qui tient compte de l'effet bêta (Marks 1992). Il existe trois versions de ce modèle :
    - pour les couches superficielles (BAMS), entre 850 et 700 hPa,
    - pour les couches moyennes (BAMM), entre 850 et 400 hPa,
    - pour les couches profondes (BAMD), entre 850 et 200 hPa.
    La version couche profonde tournait de manière opérationnelle aux heures synoptiques de base (00UTC et 12UTC) en 1989 et depuis 1990, les trois versions de ce modèle tournent quatre fois par jour (00,06,12,18 UTC).
  4. Un modèle barotrope emboîté de prévision de trajectoire des ouragans (VICBAR) tourne quatre fois par jour depuis 1989. Les runs se font à partir des analyses du modèle NCEP pour les heures synoptiques principales, et à partir des données anciennes de 6 heures pour les autres (Aberson and DeMaria 1994). LBAR (Limited-Area Barotropic Model : modèle barotrope à domaine limité) est un autre modèle barotrope qui tourne également en opérationnel toutes les six heures. Ses performances sont moins bonnes que celle de VICAR mais ses sorties plus rapides sont utilisées par les prévisionnistes du NHC.
  5. On utilise les modèles NCEP Aviation et MRF (Lord 1993) depuis la saison cyclonique de 1992. Ce sont des modèles globaux.
  6. Un modèle 3D à maille variable, développé par le Geophysical Fluid Dynamics Laboratory (Bender et al 1993), connu sous le nom du modèle GFDL, fournit des prévisions depuis la saison cyclonique de 1992.
  7. Le modèle global du United Kingdom Meterological Office (UKMET : service météorologique de Grande Bretagne) est utilisé pour la prévision des trajectoires des cyclones tropicaux dans le monde entier (Radford 1994). L'OAR a commencé à les recevoir en opérationnel en 1996.
  8. Le United States Navy Operational Global Atmospheric Prediction Systems (NOGAPS : systèmes de prévision atmosphérique global opérationnel de la Navy) est aussi un modèle global qui obtient de bons résultats en prévision de trajectoire de cyclone (Fiorino et al. 1993). Les sorties de ce modèle sont également utilisées au NHC depuis 1996.

En dépit de la variété de modèles de prévision de trajectoire de cyclone, il n'existe que peu de modèles de prévision d'intensité pour le bassin Atlantique:

  1. Comme le modèle de trajectoire CLIPER, SHIFOR (Statistical Hurricane Intensity FORecast : prévision statistique de l'intensité des ouragans) est utilisé pour les prévisions de changement d'intensité « no-skill ». Il s'agit un modèle statistique à régressions multiples qui utilise au mieux la persistance des tendances d'intensité et inclut également les données climatologiques (Jarvinen et Neuman 1979). Il a été difficile de dépasser SHIFOR jusqu'à ces dernières années.
  2. L'OAR a un modèle statistique-synoptique, SHIPS (Statistical Hurricane Intensity Prediction Scheme), à sa disposition depuis le milieu des années 1990 (DeMaria et Kaplan 1994). Il utilise les informations de température de l'eau de mer, de cisaillement vertical, de stabilité de l'humidité, etc. observées et prévues à l'échelle synoptique qu'il combine de manière optimale avec la tendance de l'intensité du cyclone.
  3. Le modèle GFDL, décrit plus haut parmi les modèles de prévision de trajectoire, produit également des prévisions de changement d'intensité pour l'OAR.
  4. Un nouveau projet statistique pour estimer la probabilité d'intensification rapide a été développé (Kaplan et DeMaria 1999) et est maintenant utilisé en opérationnel. Le projet RI utilise les données synoptiques et de persistance du modèle SHIPS pour estimer la probabilité d'intensification rapide (augmentation de la vitesse des vents de 55 km/h ou plus en 24 h) toutes les 6 heure.

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