Winston et Tatiana

Les passages simultanés du cyclone tropical WINSTON à l’est du pays et de la dépression tropicale TATIANA à l’ouest ont drainé une masse d’air particulièrement chaude et humide sur la région le week-end dernier. Poussé par un flux de nord, cet air a permis au mercure de se maintenir à des niveaux si élevés que des records absolus de chaleur nocturne sont tombés entre le 13 et le 14 février, jour de la Saint-Valentin ! Presque aucune commune du pays n’a été épargnée par ces températures anormalement élevées, particulièrement difficiles à supporter pendant la période de repos.
Fig. 1:  Analyse des températures à 2 mètres et de la pression au niveau de la mer le 14 février à 02h00 locales (modèle du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme - ECMWF).

 

Pour la St Valentin, des records absolus de température au lever du soleil

Ce week-end, les minimales ont été extrêmement élevées sur tout le pays. En moyenne, elles ont dépassé les normales de 3 °C et il faut remonter au 21 février 2001 pour retrouver une chaleur généralisée aussi prononcée à l'aube.

Aucun endroit n'a été épargné par cette vague de chaleur inhabituelle, mais ce sont surtout les massifs montagneux, sous les nuages, et la capitale, véritable îlot de chaleur urbain, qui ont été les zones les plus affectées, comme l'illustre la carte ci-dessous.

 

Fig. 2 : Températures minimales enregistrées le 14 février 2016 avec, en rouge, les nouveaux records absolus de températures minimales les plus élevées.

On enregistre ainsi le nouveau record absolu de température minimale la plus élevée pour Nouméa avec 27,7 °C. Cette température est supérieure de 0,2 °C au précédent record établi l'année dernière, le 5 février 2015.

Pendant leur sommeil, les habitants des zones montagneuses ont aussi été confrontés à une chaleur extrême, puisque nos thermomètres installés en montagne ont dépassé de 3 à 4 °C les normales de saison. Les stations d’Aoupinié, Col des Roussettes, Tiébaghi et Montagne des Sources enregistrent leur nouveau record absolu dans la nuit du 13 au 14 février 2016.

 

Vague de chaleur, acte II !

On peut avoir une bonne représentation des variations quotidiennes de la température à l'échelle du pays en analysant l'évolution des températures moyennes mesurées chaque jour à Nouméa, La Tontouta, Nessadiou, Koumac, Poindimié et Houaïlou. Ainsi, chaque jour, la moyenne des températures mesurées à ces stations définit ce qu'on peut appeler un indicateur thermique pour l'ensemble de la Nouvelle-Calédonie.

Pour qu'une chaleur excessive soit qualifiée de forte, les météorologues considèrent qu'il faut que les températures observées égalent ou dépassent un seuil prédéfini pendant un certain nombre de jours consécutifs : un épisode de forte chaleur sur le pays débute dès lors que la moyenne sur trois jours de l'indicateur thermique est supérieure ou égale à 28,6 °C (ce seuil correspond à la valeur dépassée 0,5 % des jours depuis 1970).

Une fois la date de démarrage de l'épisode identifié, on caractérise la vague de chaleur à l'aide de trois paramètres :

• sa durée, soit le nombre de jours consécutifs pendant lesquelles le seuil a été égalé ou dépassé ;
• son intensité maximale, c'est-à-dire la plus forte valeur atteinte par l'indicateur thermique moyenné sur 3 jours ;
• sa magnitude, définie comme la somme des écarts à la valeur de référence (28,6 °C).

À partir de cette définition, 36 épisodes de forte chaleur ont été identifiés entre le 1^er janvier 1970 et le 14 février 2016. Leurs caractéristiques figurent dans le tableau ci-dessous :

Période Durée (jours) Intensité max (°C) Magnitude (°C) 8-9 fév 1978  2 29,2 1,05 10-11 jan 1980  2 29,2 0,93 17-20 fév 1980  4  29,0  0,97 4 fév 1982  1  28,8  0,17 19 jan 1983  1  28,6  0,03 25 jan 1986  1  28,9  0,33 31 jan-2 fév 1991  3  29,0  0,66 13-15 jan 1992  3  29,1  0,87 2 mars 1993  1  28,7  0,09 6-7 mars 1995  2  28,9  0,51 12 mars 1995  1  28,9  0,33 12 fév 1996  1  28,8  0,18 4-7 mars 1997  4  29,3  1,58 25 jan 1998  1  28,8  0,22 22-23 fév 2001  2  29,0  0,43 10 mars 2001  1  28,8  0,18  8-10 jan 2002  3  29,2  1,14  26-28 jan 2002  3  28,7  0,16

Période Durée (jours) Intensité max (°C) Magnitude (°C)  30 jan 2002  1  28,7  0,05  1er fév 2002  1  28,8  0,19  7-10 fév 2002  4  28,9  0,64  12-14 fév 2004  3  29,1  1,09  1-7 fév 2004  7  29,4  3,56  12 fév 2004  1  28,6  0,04  25-28 fév 2004  4  29,2  1,26  6-10 jan 2008  5  29,3  2,18  14-16 fév 2008  3  29,1  1,01  4-5 jan 2009  2  28,9  0,54  20-21 jan 2010  2  28,7  0,09  29 déc 2010  1  28,7  0,09  1-2 fév 2011  2  29,1  0,98  31 jan 2015  1  28,7  0,08  3-5 fév 2015  3  28,9  0,71  2 mars 2015  1  28,7  0,05  3-9 fév 2016  7  29,2  2,06  13-14 fév 2016  2  29,8  1,71

 

La chaleur ressentie par les Calédoniens au début du mois de février 2016 figure bel et bien dans cette liste : le seuil des 28,6 °C a été franchi du 3 au 9 février 2016, en raison notamment des températures particulièrement élevées en journée. Durant cette période, la vague de chaleur a atteint une intensité maximale égale à 29,2 °C et sa magnitude sur la période vaut 2,1 °C. Après une accalmie, la chaleur s'est à nouveau abattue sur le pays depuis le 13 février 2016, atteignant une intensité inégalée : 29,8 °C.

On peut également analyser ces résultats à l'aide d'un graphique à bulles, comme ci-dessus. Chaque bulle représente un épisode. Les coordonnées du centre sont la durée (en abscisse) et l'intensité maximale (en ordonnée) de l'épisode. Le diamètre d'une bulle symbolise la magnitude de l'épisode, les bulles les plus grandes représentant les vagues de chaleur les plus sévères.

Fig. 4 : Diagramme à bulles caractérisant les 36 épisodes de fortes chaleurs enregistrés depuis 1970.

Le graphique met clairement en évidence que la première vague de chaleur de février 2016 est exceptionnelle par sa durée. Quant à son ampleur et à son intensité maximale, elles sont  à peu près équivalentes à celles mesurées pendant l'épisode de février 2004, le plus sévère depuis 1970.