Prévision cyclonique
Les prévisionnistes surveillent un large domaine s’étendant jusqu’à l’équateur, domaine où se forment habituellement les phénomènes tropicaux susceptibles de se déplacer ensuite dans nos eaux.
Une fois qu’un phénomène est détecté, il est suivi régulièrement pour connaître ses caractéristiques au moment de l’observation et en particulier la position de son centre, son rayon d’action et l’intensité maximale des vents. Ensuite, il faut prévoir sa trajectoire et l’évolution de son intensité.
On considère qu’il y a menace cyclonique dans une zone à partir du moment où il existe un risque significatif que les vents moyens dépassent le seuil de l'avis de tempête qui est de 47 kt, soit environ 90 km/h ("conditions cycloniques"). |
Pour plus d'informations sur la nature des phénomènes cycloniques, consulter la partie Cyclones dans la partie Phénomènes.
Observation et analyse
Pour connaître la position et l’intensité du phénomène, il n’y a souvent pas de mesure directe de la pression et du vent, car les dépressions et cyclones passent une majeure partie de leur existence en pleine mer. Or, les bateaux qui portent des instruments de mesure les évitent et il y a rarement des stations ou des bouées sur la trajectoire du centre.
Heureusement, les images satellites permettent de détecter et de suivre les phénomènes cycloniques. Leur développement dans les années 1970 a révolutionné la prévision cyclonique : elles permettent aux prévisionnistes de repérer la position et la taille des phénomènes cycloniques. L’analyse est relativement rapide et précise quand le système est bien formé, notamment avec un œil bien contrasté. Elle l’est moins dans les phases de croissance et décroissance.
Les images satellites permettent également d’estimer l’intensité des phénomènes cycloniques par la méthode de Dvorak.
La méthode de Dvorak |
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Il s’agit d’une méthode développée par les météorologues à partir des années 1980, en croisant de nombreuses observations satellites avec des résultats de campagnes de mesures à l’intérieur de cyclones, à la lumière des connaissances sur le cycle de vie des phénomènes cycloniques. En pratique, la taille et la forme des nuages qui s’organisent autour du centre du cyclone, ainsi que la température de leur sommet permettent de classer le phénomène sur une échelle d’intensité, et donc d’estimer la force des vents maximaux près du centre. Cette méthode a fait ses preuves et est couramment utilisée par tous les services météorologiques concernés, civils comme militaires. |
Prévision cyclonique
Les prévisionnistes élaborent au minimum toutes les 6 heures une trajectoire prévue.
Pour cela, ils examinent et utilisent les résultats des différents modèles de prévision à leur disposition (en suivant la procédure habituelle pour évaluer la pertinence de chaque modèle) : sur une carte de pression atmosphérique au niveau de la mer calculée par un modèle, le centre du cyclone correspond à un minimum de pression, entouré de plusieurs isobares fermées.
Enfin, on s’intéresse à l’évolution de l’intensité du phénomène cyclonique. D’une part, son évolution passée récente donne une première indication car les systèmes cycloniques ont une certaine inertie : un système qui a montré un fort développement dans les heures passées aura tendance à se développer encore ou à la rigueur à garder la même intensité. D’autre part, les modèles numériques apportent encore une aide précieuse. Les prévisionnistes examinent le vent ainsi que la température à différentes altitudes sur la trajectoire prévue du cyclone pour savoir si l’environnement dans lequel se trouvera le système cyclonique sera favorable ou non à son intensification (voir les paragraphes Formation et Comblement de la partie Cyclones.
Les prévisionnistes de Nouvelle-Calédonie s’appuient à la fois sur un ensemble de modèles numériques de prévision du temps et sur les informations expertisées des centres responsables (Nandi, Brisbane) ainsi que des centres spécialisés de l’armée américaine (JTWC* et CPHC** à Hawaii). | |
En cas de dysfonctionnement (problème de réception des bulletins de Nandi ou Brisbane par exemple), ils ont les moyens de produire une analyse et une trajectoire prévue. Cela leur est utile également pour pouvoir faire un point toutes les heures au lieu des 6 heures réglementaires pour répondre aux partenaires institutionnels ou médiatiques. * Joint Typhoon Warning Center |
A ce stade, on peut estimer l’intensité du phénomène cyclonique et son classement en dépression tropicale modérée, forte ou cyclone tropical, qui, rappelons-le, est lié uniquement à la force maximale du vent près de son centre (voir Structure d'un cyclone).
Les autres paramètres dangereux sont examinés, les précipitations pouvant causer des inondations, et la houle cyclonique et la marée de tempête afin de prévenir les risques de submersion sur les côtes exposées.
Il peut en effet être trompeur de regarder uniquement la force du vent : une dépression, même modérée, peut avoir des conséquences sérieuses. | |
Cela a été le cas par exemple en janvier 2013 avec FREDA, qui était pourtant en train de s’affaiblir lors de son passage près de la Nouvelle-Calédonie : même si le vent moyen était inférieur 90 km/h, il a été accéléré sur certains sites, donnant des rafales jusqu’à 150 km/h sur la pointe sud, et les précipitations ont été abondantes, en particulier sur la côte Est et le Sud. |
Information métérologique pour le public
Lorsqu’un phénomène cyclonique est susceptible d’intéresser la Nouvelle-Calédonie ou Wallis-et-Futuna, une production spécifique est mise en place afin d’informer le public au fur et à mesure de l’évolution du phénomènes et des conditions météorologiques associées.
Les niveaux d’alerte sont décidés par les autorités locales et non par le Service de la Météorologie |
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Le rôle du Service de la Météorologie est en effet exclusivement d’informer le public de l’évolution météorologique du système. En Nouvelle-Calédonie, c'est le gouvernement qui décide de l'évolution des alertes cycloniques. A Wallis-et-Futuna, il s'agit de l'Administration Supérieure. Pour plus d'informations sur les alertes cycloniques, cliquez ici. |
Les bulletins (public, lagon et large) mentionnent un phénomène tropical dès qu'il est prévu qu'il menace une partie ou l'ensemble du territoire. Pour la Nouvelle-Calédonie, c'est le bulletin public qui donne les prévisions météorologiques sur la plus longue période, à savoir les 7 jours à venir. Le prévisionniste informe le public de la présence probable d'une dépression tropicale dans la partie adéquate du bulletin public (Aperçu ou Tendance). Il se peut qu'une perturbation tropicale soit annoncée avant sa formation, et comme il n'est pas possible de prévoir à la fois longtemps à l'avance et avec précision l'intensité et la position d'un phénomène tropical, les prévisions sont affinées tout au long de son suivi.
Le service Prévision rédige un BMS marine (Bulletin Météorologique Spécial) pour les navires en mer dans la zone de responsabilité marine de la Nouvelle-Calédonie ou sur le domaine de Wallis-et-Futuna.
Le bulletin Info cyclone regroupe un texte exposant la situation et l’évolution prévue du phénomène tropical en cours, une carte présentant les trajectoires observée et prévue, ainsi qu’une illustration sous forme d’image satellite.
Il existe enfin une page Prévision d'activité cyclonique hebdomadaire mais elle ne donne ni trajectoire, ni intensité prévue : elle indique la probabilité qu’une dépression tropicale d'intensité modérée, forte ou un cyclone tropical se forme ou se produise durant les trois semaines à venir sur une zone donnée. Il s'agit d'un document technique destiné à un public averti : il ne constitue en aucune façon une information visant à alerter les populations mais plutôt un outil d'aide à la surveillance.