Rédigé par Chris Landsea

Les ouragans se forment à la fois sur le bassin Atlantique (c’est à dire l'océan Atlantique, le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes) à l’est de l’Amérique continentale et sur le bassin Pacifique Nord-Est à l'ouest des USA. Toutefois, les cyclones du Pacifique Nord-Est ne touchent pratiquement jamais les États-Unis alors que ceux du bassin Atlantique touchent la le continent près de 2 fois par an en moyenne.

Il y a deux raisons principales. Les ouragans ont tendance à se déplacer vers l'ouest nord-ouest après s’être formés aux latitudes tropicales et subtropicales. En Atlantique, un tel mouvement ramène souvent l’ouragan au voisinage de la côte Est des Etats-Unis. Dans le Pacifique Nord-Est, une trajectoire ouest-nord-ouest emporte les ouragans déjà en pleine mer très loin de la côte Ouest américaine. En plus de la trajectoire générale, la différence entre les températures de l’eau le long des côtes Est et Ouest américaines constitue un second facteur. Le long de la côte Est, on retrouve le courant chaud du Gulf Stream, source d'eau chaude (26,5°C) providentielle pour les cyclones. Sur la côte Ouest en revanche, la température de l’océan dépasse rarement 21°C même au milieu de l'été. A cette température relativement basse, les ressources énergétiques sont insuffisantes au maintien du cyclone.
Les eaux plus froides peuvent ainsi rapidement réduire la force des rares ouragans du Pacifique Nord-Est qui reviennent vers la côte.

On a récemment redécouvert qu’un ouragan avait frappé San Diego en Californie le 2 octobre 1858 (Chenoweth et Landsea, 2004). Il a provoqué des dégâts sans précédents dans la ville et a été décrit comme le coup de vent le plus fort jamais ressenti jusqu’alors et qui n’a pas été égalé ou dépassé en force depuis. La force des vents de l’ouragan de San Diego constitue le premier et unique cas de vents de cette force associés à un cyclone tropical de l’histoire de l’état. Les données climatologiques étant incomplètes, il est possible que 1858 ait été une année El Niño, ce qui aurait permis à l’ouragan de maintenir son intensité alors qu’il se déplaçait vers le nord le long d’eaux plus chaudes que d’habitude.

Aujourd’hui, si un ouragan de Catégorie 1 touchait les terres soit à San Diego soit à Los Angeles, les dégâts associés à une telle tempête seraient probablement de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars. La redécouverte de cet ouragan est intéressante en ce qui concerne le problème du changement climatique et des déclarations de risques concernant la gestion collective des urgences et des assurances lors d’événements rares et extrêmes dans la région.

 

Retour sur : Climatologie des cyclones
//