Rédigé par Hugh Willoughby (du FIU [pour Florida International University : université internationale de Floride])

« Dyn-O-Gel » est une poudre spéciale (produite par Dyn-O-Mat) qui un gel gluant en absorbant de grandes quantités d'humidité. Il a été suggéré de verser de grandes quantités de cette substance dans les nuages des ouragans pour dissiper certains nuages, contribuant ainsi à affaiblir ou détruire l'ouragan.

A l'HRD (Hurricane Research Division : division de recherche sur les ouragans), on a testé l'unique possibilité pour que « Dyn-O-Gel » puisse affaiblir un ouragan dans le modèle numérique MM5. On a constaté un effet mais il était limité (environ 1m/s). L'idée était que la saleté rendrait les gouttes de pluie irrégulières (donc non aérodynamiques), qu'elles tomberaient moins vite et augmenteraient la charge condensée, affaiblissant ainsi les mouvements ascendants dans le mur de l'oil. Si, au contraire, on augmente la vitesse de précipitation des hydrométéores, la tempête se renforce (de nouveau de 1 m/s seulement). Lors des simulations numériques, « baisser » signifiait réduire la vitesse de chute à la moitié de la valeur réelle, et « augmenter » signifiait doubler la valeur réelle. La conséquence est plus importante que ce qu'on aurait pu espérer produire en atmosphère réelle.

Le fait que l'expérience menée par « Ddyn-O-Gel » ait en fait « dissipé » les nuages est problématique. Est-ce qu'on a observé des nuages qui n'ont pas été modifiés ? Les cumulus isolés de Floride ont une courte durée de vie, et ce sont justement ceux qu'un expérimentateur sélectionnerait logiquement.

En acceptant le fait qu'un effet ait réellement été constaté, les descriptions semblent plus en accord avec une augmentation de la vitesse de chute des hydrométéores et la coalescence de collision accélérée, ce qui, les résultats du modèle numérique le montrent, renforcerait l'ouragan, mais peu. Si cette supposition s'avère correcte, « Dyn-O-Gel » pourrait se révéler utile pour faire pleuvoir pendant une période de sécheresse, à l'inverse de l'ensemencement glaciogène qui (au moins sous les tropiques) a tendance à rendre les jours pluvieux encore plus pluvieux, si tant est qu'il ait un effet.

Un des problèmes les plus importants est toutefois qu'il faudrait une grande quantité de substance pour espérer avoir même un impact. Deux cm de précipitations tombant sur 1 km2 de surface correspondent à 20 000 tonnes d'eau. Au taux de 2 000 pour 1 annoncé par les gens de « Dyn-O-Gel », il faudrait 10 tonnes de gel par km2 . Si on considère que l'oil fait 20 km de diamètre et est entouré d'un mur de l'oil épais de 20 km, ça fait 3 769,91 km2 nécessitant 37 699,1 tonnes de « Dyn-O-Gel ». Un avion de transport lourd C-5A accepte une charge de 100 tonnes. Traiter le mur de l'oil nécessiterait donc 377 sorties. La réflectivité moyenne dans le mur de l'oil est de 40 dB(Z) ce qui nous amène à 1,3 cm/heure de pluie. Si on voulait continuer à doper le mur de l'oil, on aurait besoin de fournir cette quantité de « Dyn-O-Gel » à peu près toutes les heures et demie. En augmentant la réflectivité à 43 dB(Z), il faudrait le faire toutes les heures. (Si l'épaisseur du mur de l'oil n'est que de 10 km, on peut s'en sortir avec 157 sorties toutes les heures et demie pour la réflectivité la plus basse).


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