Bilan établi avec les données disponibles le 18/02/2025.
Les heures indiquées sont les heures de Nouvelle-Calédonie.
Entre le 1er et le 15 février, un thalweg de ZCPS (Zone de convergence du Pacifique sud) de type « couloir dépressionnaire »1 s’installe entre le sud de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le nord des îles Kermadec. Le long de cet axe de basses pressions, un premier minimum (1 000 hPa) se creuse le 1er février à quelques kilomètres au nord du pays, suivi rapidement le lendemain d’un deuxième minimum (1 002 hPa) au sud des Salomon.
En lien avec le premier minimum dépressionnaire qui atteint rapidement le stade de dépression tropicale faible (TD05F), le temps se dégrade sur le pays dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 février. La dépression TD05F va toucher durant plus de 48 heures les îles Loyauté et le sud de la côte Est, y apportant des cumuls de pluie dépassant localement les 300 mm et des rafales de vent supérieures à 100 km/h.
Alors que les effets de la dépression TD05F se dissipent à peine, le deuxième minimum dépressionnaire, devenu lui aussi une dépression tropicale faible (TD06F) aborde le pays par le nord à partir du mercredi 5 au matin. La dégradation du temps associée à cette dépression balaye cette fois-ci l’ensemble du pays, y apportant le plus fort des pluies entre le mercredi 5 à midi et le vendredi 7 à midi. Les cumuls sont surtout abondants sur les Loyauté et sur la côte Est où ils sont renforcés par effet orographique par vent de Nord-Est, et atteignent jusqu’à 168 mm à Yaté. Au passage de cette deuxième perturbation, le vent se renforce à nouveau, notamment au cours de l’après-midi du vendredi 7. Il ne dépasse toutefois guère les 80 km/h en rafales, d’après les mesures effectuées par notre réseau de stations.
Jamais deux sans trois ! Alors que la dépression TD06F s’éloigne du pays dans la nuit du 7 au 8, une troisième dépression, ayant pris naissance elle aussi dans le même couloir dépressionnaire que ses deux prédécesseuses, se forme le dimanche 9 en journée au large des côtes du Queensland (Australie) et amorce une trajectoire vers le sud-est qui la fait passer à moins de 200 km dans l’ouest du pays. Le temps se détériore à nouveau : pluies et vent s’abattent encore sur la Nouvelle-Calédonie à partir du 9 en tout début de journée et jusqu’au mercredi 12 à midi. Si quelques copieuses mais courtes averses circulent encore sur le pays au cours de l’après-midi du 12, c’est surtout le vent qui se renforce lors de cette dernière journée : des rafales d’ouest à nord-ouest supérieures à 100 km/h sont enregistrées sur le sud de la Grande Terre.
Carte d’analyse le lundi 10 février à 23h loc.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Et une quatrième pour finir ! Même schéma que précédemment : cette quatrième dépression se forme le 12 au matin au large du Queensland dans ce même axe dépressionnaire, et entame une route vers le sud-est qui la rapproche du pays. Elle aborde le nord de la Grande Terre le vendredi 14 au matin, y occasionnant une nouvelle dégradation du temps, avant de poursuivre sa route vers les Loyauté où les dernières fortes averses circulent jusqu’au samedi 15 au lever du jour. De moindre intensité que ses prédécesseuses, cette dernière dépression engendre un vent peu soutenu cette fois-ci et la rafale la plus forte mesurée à cette occasion sur l’ensemble du pays n’atteint que 71 km/h.
Enfin, une autre conséquence de la succession des 4 dépressions entre le 2 et le 15 février est la chute de jour en jour des températures sur le pays (voir dernier paragraphe sur le bilan des températures).
Lors du passage de la première dépression tropicale faible TD05F du 2 au 4 février, près de 300 mm de précipitations au total sont mesurés aux îles Loyauté, avec un maximum de 338 mm à l’aérodrome de Ouloup (Ouvéa). Cette quantité de pluie représente 1,5 à 2 fois le cumul mensuel de précipitations habituellement mesuré durant le mois de février aux Loyauté. Sur l’extrême sud, les stations enregistrent entre 50 et 100 mm avec jusqu’à 114 mm mesurés à Ouinné (Yaté). Ailleurs, les cumuls sont inférieurs à 50 mm. A Bélep et sur le nord-ouest entre Poum et Poya, le temps est resté sec avec moins de 5 mm mesurés.
Sur 24 heures glissantes, les cumuls maximaux les plus élevés sont de l’ordre de 250 mm environ aux îles Loyauté, avec une valeur maximale de 285 mm à Ouloup (Ouvéa). Ailleurs sur le pays les cumuls maximaux en 24 heures sont inférieurs à 100 mm.
Par ailleurs, les stations de Ouloup (Ouvéa), Mou (Lifou) et Tadine (Maré) enregistrent des cumuls quotidiens (mesurés de J 05h00 à J+1 05h00) sans précédent pour un mois de février au cours des journées du 2 ou du 3 février :
Ouloup : 277,5 mm le 2 février (valeur précédente : 206,9 mm le 21/02/1975, calcul depuis le 01/01/1966.
Mou : 225,8 mm le 2 février (valeur précédente : 201,5 mm le 20/02/1984, calcul depuis le 01/01/1977.
Tadine : 202,2 mm le 3 février (valeur précédente : 198,0 mm le 26/02/1965, calcul depuis le 01/01/1952.
Cumuls maximaux sur 24 heures glissantes calculés entre le 2 février 00h00 et le 4 février 08h00 2025.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Le passage de la 2ème dépression TD06F entre le 5 et le 7 février provoque des cumuls totaux de précipitations inférieurs à 200 mm. Ce sont la côte Est, l’extrême sud de la Grande Terre et les Loyauté qui ont été le plus touchés par les pluies, avec des cumuls mesurés compris entre 51 mm à Pouébo et 168 mm à Ouinné (Yaté). Sur l’extrême nord et la côte Ouest, les cumuls sont partout inférieurs à 50 mm.
Sur 24 heures glissantes, les cumuls maximaux les plus élevés sont compris entre 100 et 150 mm sur les communes de Thio et de Yaté. Ailleurs ils sont inférieurs à 100 mm, voire inférieurs à 20 mm sur la côte Ouest.
Cumuls maximaux sur 24 heures glissantes calculés entre le 5 février 12h00 et le 7 février 12h00 2025.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
La 3ème perturbation est celle qui a le plus arrosé le pays au cours de son passage du 9 au 12 février. C’est sur le sud-est de la Grande Terre que les cumuls totaux sont les plus élevés, compris entre 250 et 350 mm environ mesurés en 3,5 jours. La station de Rivière Blanche à Yaté enregistre une valeur maximale de 343 mm. Sur le nord de la côte Est, les cumuls s’échelonnent entre 150 mm et 250 mm. Sur la côte Ouest et les Loyauté, ils varient entre 50 et 125 mm.
Sur 24 heures glissantes, les cumuls maximaux les plus élevés (plus de 200 mm) sont mesurés entre Yaté et Kouaoua, avec jusqu’à 313 mm à la station Rivière Blanche. Partout ailleurs ils sont majoritairement compris entre 50 et 100 mm.
Cumuls maximaux sur 24 heures glissantes calculés entre le 9 février 00h00 et le 12 février 10h00 2025.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
La 4ᵉ dépression enfin entraîne des cumuls maximaux en une journée compris entre 50 et 100 mm environ sur Ouvéa et la moitié nord de la Grande Terre.
Sur l’ensemble de la période du 2 au 15 février :
Les cumuls les plus élevés sont mesurés sur les îles Loyauté et la côte Est. Les cumuls s’y échelonnent entre 400 mm à 600 mm environ. Sur les Loyauté, ces cumuls sont l’équivalent de 2,5 à 3,5 fois le cumul habituel de précipitations d’un mois de février. Sur la côte Est, ils correspondent à 1 à 2 fois la quantité d’eau habituellement mesurée durant un mois de février sur cette zone.
Sur la côte Ouest, Bélep et l’île des Pins, les cumuls s’échelonnent entre 100 mm environ à Phare Amédée (Nouméa) et 350 mm à Kopéto (Pouembout). Dans l’ensemble, il est tombé l’équivalent de plus d’un mois de précipitations. À la station de Ouaco (Kaala Gomen), les 264 mm mesurés représentent 2,3 mois de précipitations.
Cumuls de précipitations et rapports à la normale mensuelle (période de référence : 1991-2020) mesurés entre le 2 février 00h00 et le 15 février 12h00 2025.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Des rafales de plus de 100 km/h ont été enregistrées au passage de la première et de la troisième dépression. Le vent est resté plus modéré lors de la deuxième et de la quatrième dépression, avec des rafales ne dépassant pas les 76 km/h sur l’ensemble de notre réseau de stations.
Rafales maximales de vent mesurées du 2 au 4 février 2025.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Rafales maximales de vent mesurées du 14 au 15 février 2025.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
L’absence quasi continue d’ensoleillement sur le pays entre le 2 et le 15 février, associée à des pluies omniprésentes, a fait chuter les températures en journée. Au cours de la journée du dimanche 9 février, la température maximale a été inférieure de presque 4 °C aux normales de saison en moyenne sur le pays. En outre, 2 stations enregistrent des valeurs de température maximale historiquement basses pour un mois de février le 10 février :
Moué (île des Pins) : 24,3°C le 10/02/2025, précédente valeur : 24,4°C le 08/02/2001 (calcul depuis le 01/03/1971) ;
Yaté Mairie : 24,4°C le 10/02/2025, précédente valeur : 24,6°C le 02/02/2021 (calcul depuis le 01/01/1993).
Evolution des températures quotidiennes minimales (courbe bleue du bas) et maximales (courbe rouge du haut) en moyenne sur le pays du 1er au 17 février 2025. Les aires bleues indiquent des valeurs inférieures à la normale, les aires rouges des valeurs supérieures à la normale.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Établi à partir des données disponibles le 13/01/2025
L'essentiel |
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L’année 2024 s’est déroulée sous l’influence d’un épisode El Niño de forte intensité jusqu’en avril, qui a cédé sa place à des conditions La Niña à partir de décembre. Entre les deux, on était dans une phase neutre.
Malgré cette bascule d’El Niño vers La Niña durant cette année, l’océan Pacifique est resté anormalement chaud tout au long de l’année au voisinage de la Nouvelle-Calédonie, du fait du réchauffement climatique planétaire. Les régimes de pluie, comme les températures en Nouvelle-Calédonie en ont été affectés.
Bien que le bilan pluviométrique de la Nouvelle-Calédonie en 2024 soit conforme aux normales (cumul annuel moyen : 1 485 mm, soit 6 % de moins que la valeur de référence 1991-2020), il cache de fortes disparités d’une saison à l’autre, ainsi qu’un contraste notable entre l’est et l’ouest du pays. Voici ce qu’on peut retenir en particulier cette année :
Concernant les températures, l’année 2024, avec 24,3 °C en moyenne pays (soit +0,7 °C par rapport à la normale 1991-2020), est la 3ᵉ année la plus chaude depuis le début des mesures. Qu’il s’agisse des températures maximales comme des minimales, elles ont été le plus souvent au-dessus des normales de saison. Le nombre de records de chaleur battus ne cesse de croître d’année en année, traduisant une véritable accélération du réchauffement climatique.
Le bilan complet |
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À l’échelle planétaire, dans un contexte de réchauffement climatique toujours croissant, doublé de la présence du phénomène El Niño durant l’été austral 2023-2024, l’année 2024 est la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des mesures : la température moyenne observée à la surface du globe dépasse la référence 1850-1900 de +1,60 °C (estimation proposée par le Copernicus, le 10 janvier 2024), faisant de 2024 la première année qui dépasse le seuil de 1,5 °C défini dans le cadre des accords de Paris en 2015 (illustration 1).
Illustration 1 : Évolution des anomalies de température planétaire annuelle entre 1967 et 2024, par rapport à la période de référence 1850-1900.
Source : Copernicus (barres rouges : valeurs ERA5, point oranges : valeurs des autres modèles de climat)
Associé à ce réchauffement climatique global, l’océan planétaire a, dans la continuité de 2023, atteint des valeurs inédites cette année, notamment entre janvier et juin (illustration 2), contribuant ainsi au bouleversement des régimes de pluie, de température, ou encore des événements extrêmes, en de nombreux endroits de la planète, comme en témoigne leur recensement établi par le ClimaMeter.
Illustration 2 : Températures quotidiennes de l’océan à l’échelle planétaire en 2024 (courbe orange), comparativement aux années 1981 à 2023 (courbes grises).
Source : Climate réanalyser – NOAA OISST V2.1
Dans ce contexte de surchauffe planétaire à l’échelle globale, les températures de l’océan Pacifique ont été largement tirées à la hausse tout au long de l’année, modifiant les valeurs habituellement attendues en lien avec la présence successive d’El Niño en début d’année et de La Niña en fin d’année (illustration 3). En effet, alors que la succession de ces phénomènes aurait dû assurer la mise en place d’une alternance de phases chaud/froid entre l’est et l’ouest du Pacifique tropical, l’ouest du Pacifique est resté anormalement chaud tout au long de l’année (y compris pendant El Niño !), tandis que le refroidissement attendu à l’est et au centre du bassin, en lien avec La Niña, a peiné à se mettre en place et n’a pas atteint l’intensité qui lui était prévue (illustration 4).
En conséquence, avec des températures océaniques anormalement élevées tout au long de l’année au voisinage de la Nouvelle-Calédonie, les températures comme les régimes de pluie y ont été sensiblement bouleversés cette année encore.
Illustration 3 : Évolution de l’indice Niño 3.4, indice qui traduit la présence et l’intensité de La Niña et d’El Niño, entre janvier 2023 et décembre 2024.
Source : Mercator Océan PSY3V4
Illustration 4 : Anomalies de température de surface de l’océan Pacifique au cours de l’année 2024
par rapport à la référence 1979-2000 montrant la bascule d’El Niño (en début d’année) vers La Niña (en fin d’année).
Source : Climatereanalyser.org – ECMWF ERA5 (0.5x0.5)
Le bilan pluviométrique de la Nouvelle-Calédonie en 2024 est proche de la normale. Le cumul annuel moyen1 sur le pays s’établit à 1 485 mm, soit 6 % de moins que la valeur de référence (1991-2020). Bien que l’année 2024 se classe parmi les années « normales » en Nouvelle-Calédonie (illustration 5), son cumul annuel moyen cache en réalité de fortes disparités d’une saison à l’autre, ainsi qu’un contraste notable entre l’ouest et l’est du pays.
Illustration 5 : Classement des années de 1961 à 2024, établi sur la base du cumul annuel moyen de pluies en Nouvelle-Calédonie.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
1 Cumul annuel moyen : Moyenne établie à partir des données de 16 stations météorologiques disposant de normales 1991-2020 et réparties uniformément sur la Nouvelle-Calédonie.
En 2024, les cumuls annuels de pluie s’échelonnent entre 471 mm à la station de Bouraké (commune de Boulouparis) et 3 713 mm à la station de Goro Ancienne Pépinnière (commune de Yaté) (illustration 6).
Les communes de la côte Est, Maré et l’île des Pins ont été globalement bien arrosées (avec un excédent moyen de +15 %), car ces régions ont été régulièrement exposées aux perturbations qui ont touché le pays tout au long de l’année.
Les communes de la côte Ouest et Bélep ont pour leur part subi un déficit hydrique important, avec en moyenne – 24 % de pluie, du fait d’une succession de mois largement déficitaires de janvier à octobre, à l’exception de juillet.
Concernant Ouvéa et Lifou, les pluies y ont été déficitaires, de l’ordre de – 15 % en moyenne.
Illustration 6 : Cumuls annuels de précipitations (en mm) et rapports aux normales annuelles en Nouvelle-Calédonie en 2024.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
L’année 2024 a connu une succession d’influences climatiques variées, qui ont sensiblement affecté les régimes de pluie sur le pays comme en témoigne le graphique de l’illustration 7.
Illustration 7 : Cumuls mensuels moyens de précipitations en 2024 en Nouvelle-Calédonie au regard des normales mensuelles 1991-2020.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
De janvier à avril 2024, dans le contexte d’une saison cyclonique 2023-2024 très peu active (illustration 8), où seule une dépression tropicale faible a concerné la Nouvelle-Calédonie (non représentée sur l’illustration 8), aucun phénomène cyclonique majeur n’a provoqué de précipitations importantes sur le pays en début d’année, entre janvier et avril 2024.
On comptabilise néanmoins au cours de cette période 4 épisodes de pluie remarquables qui ont principalement touché la côte est, l’extrême sud de la Grande Terre et Maré (voir le paragraphe : Épisodes pluvieux remarquables). Par ailleurs, des pluies régulières ont touché l’ensemble du pays tout au long de ces 4 mois. Ainsi, malgré un déséquilibre pluviométrique marqué entre l’est (plus arrosé) et l’ouest du pays (moins arrosé), le bilan pluviométrique à l’échelle pays pour ces 4 premiers mois de l’année a été conforme aux valeurs de saison (– 4 % de déficit de pluie par rapport aux normales).
Illustration 8 : Trajectoire des phénomènes tropicaux ayant au moins atteint le stade de dépression tropicale modérée au cours de la saison cyclonique 2023-2024.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
De mai à septembre, et à l’exception de juillet, le temps a été particulièrement sec sur l’ensemble du pays, ce qui s’inscrit dans la logique de diminution des précipitations hivernales observées en Nouvelle-Calédonie du fait du changement climatique (tendance : – 15 mm par décennie en juin depuis 1972). Cette année, on a observé des alizés stables largement dominants en mai, août et septembre, tandis qu’en juin, bien que nombre de perturbations australes aient circulé au sud du pays, elles n’ont été que peu actives à notre latitude et n’y ont donc engendré que très peu de pluie. Sur l’ensemble de cette période de mai à septembre, le déficit pluviométrique atteint - 41 % à l’échelle pays. En conséquence, la saison sèche 2024 a une fois encore été très propice au risque de feu, comme en témoigne la journée du 11 septembre 2024 où 28 communes sur 33 étaient exposées à un risque extrême ou très élevé (illustration 9). Elle a occasionné aussi des problèmes d’accès à la ressource en eau pour certains secteurs d’activité ou dans certaines communes du nord-ouest de la Grande Terre notamment.
Au cours de cette période néanmoins, le mois de juillet a été abondamment arrosé : en cause, un double épisode orageux particulièrement actif qui a touché le pays entre le 7 et le 18 juillet et y a apporté d’importants cumuls de pluie, notamment sur le sud et l’est de la Grande Terre ainsi qu’aux Loyauté (voir le paragraphe : Épisodes pluvieux remarquables).
Illustration 9 : Carte du risque de feu de forêt publiée sur le site Internet meteo.nc le mercredi 11 septembre 2024.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie
Octobre a été le mois de transition entre la sécheresse subie depuis mai et les fortes pluies de fin d’année : sous l’influence d’un épisode La Niña naissant, les conditions climatiques ont été propices à un retour progressif des pluies, qui ont été conformes aux valeurs de saison ce mois-ci (0 %).
En novembre et décembre, avec une signature climatique « La Niña » qui s’affirme (même si le phénomène n’a été officiellement déclaré qu’en décembre), et notamment sous l’effet d’un océan particulièrement chaud aux abords du pays (illustration 10), des intrusions répétées de masses d’air humides et chaudes d’origine tropicale ont eu lieu sur la Nouvelle-Calédonie où elles ont occasionné autant de perturbations pluvio-orageuses. Le bilan pour ces deux mois a donc été excédentaire de +44 %.
Illustration 10 : Anomalies mensuelles de température de l'océan superficiel exprimée en °C, en décembre 2024, par rapport à la période de référence 1993-2016.
Source : MERCATOR OCEAN – SYSTEM FOR GLOBAL OCEAN PHYSICAL ANALYSIS
Au fil des mois et de la diversité de temps qui les a accompagnés, 2024 a été marqué par le passage de quelques épisodes pluvieux remarquables (illustration 11) dont certains ont pu occasionner des valeurs remarquables de cumul de précipitation ou provoquer des inondations d’ampleur.
Illustration 11 : Épisodes pluvieux en 2024, pour lesquels au moins une station a enregistré un cumul quotidien ≥ 100 mm, et pour lesquels le cumul pays moyen de l’ensemble des stations disponibles est ≥ 50 mm sur la durée totale de l’épisode. La taille des bulles est proportionnelle au cumul de pluie moyen de l’épisode (la valeur du cumul moyen au cours de l’épisode, exprimée en mm, est indiquée au centre de chaque bulle).
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Parmi ces épisodes remarquables dont le détail est consultable sur la page Actualités de notre site Internet, on retiendra (cliquer sur les liens pour plus de détails) :
Par ailleurs, ne figurant pas parmi les épisodes qui ont touché l’ensemble du pays, mais qui restera néanmoins mémorable cette année :
Illustration 12 : Lame d’eau radar ANTILOPE, le 13/09/2024 entre 8 et 9 h du matin.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Avec une température moyenne annuelle2 de 24,3 °C, soit une température de +0,7 °C au-dessus de la normale (période de référence : 1991-2020), l’année 2024 est la 3ᵉ année la plus chaude en Nouvelle-Calédonie depuis le début des mesures, après 1998 et 2022 (illustration 14). Ces températures particulièrement élevées malgré la présence d’un épisode El Niño de forte intensité en début d’année qui aurait dû les tirer vers le bas, est la conséquence directe du réchauffement climatique actuel (+1,3 °C en 50 ans en Nouvelle-Calédonie).
Illustration 14 : Écart à la normale 1991-2020 des températures moyennes annuelles en Nouvelle-Calédonie de 1965 à 2024. La ligne en pointillés montre la tendance au réchauffement.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
2 Température moyenne annuelle : Moyenne établie à partir des données de 9 stations météorologiques disposant de normales 1991-2020 et réparties uniformément sur la Nouvelle-Calédonie.
Malgré la présence d’El Niño entre janvier et avril, les températures océaniques au voisinage de la Nouvelle-Calédonie sont restées anormalement élevées (illustration 4) ce qui a contribué à maintenir des nuits particulièrement chaudes durant cette période (illustration 15), tandis qu’à la faveur d’un ciel souvent couvert en journée, les températures diurnes sont restées quant à elles voisines des valeurs de saison (illustration 16).
Le mois de mai, sous l’influence d’alizés soutenus omniprésents, est le seul mois de l’année à afficher des températures inférieures aux normales.
À partir de juin et jusqu’en décembre, les températures se sont maintenues au-dessus des valeurs de saison, de jour comme de nuit. Si l’approche de La Niña en toute fin d’année a pu contribuer à cette augmentation des températures, c’est là encore la marque du réchauffement climatique qui a été en œuvre pour justifier ces valeurs systématiquement élevées durant toute cette période.
Bilan établi avec les données disponibles le 02/12/2024.
Les heures indiquées sont les heures de Nouvelle-Calédonie.
Entre le samedi 23 et le jeudi 28 novembre, le temps est instable, chaud et humide sur le pays. Deux systèmes pluvieux se succèdent et apportent tour à tour leur lot d’averses sur le pays. Seuls le sud-ouest et la pointe Nord de la Grande Terre resteront à l’écart des fortes précipitations durant cet épisode.
Le premier système pluvieux aborde le pays par le nord et apportent des pluies ainsi que des rafales de vent remarquables du 23 novembre après-midi au 25 novembre au matin. Les précipitations touchent principalement le nord-ouest de la Grande Terre, la côte Est et les îles Loyauté. Le système s’évacue progressivement vers l’est au cours de la nuit du 24 au 25 novembre.
Image satellite infra-rouge HIMAWARI-9, réflectivités radar de précipitations et impacts de foudre du samedi 23 novembre 2024 à 20h00.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Le second système pluvieux se forme au sud-ouest du pays dès le 24 au matin. Accompagné d’activité orageuse, il concernera le nord-ouest de la Grande Terre au cours du lundi 25 en première partie de nuit. Mardi 26 après-midi jusqu’en début de nuit, l’activité pluvio-orageuse stagne et apporte des pluies conséquentes sur une zone comprise entre une ligne Koné / Hienghène et une ligne Bourail / Ponérihouen. Dans la nuit, les cellules orageuses se dissipent.
Du mercredi 27 au jeudi 28, le temps reste chaud, humide et instable sur le pays. Des averses se déclenchent alors un peu partout, notamment sur la côte Est.
Image satellite infra-rouge HIMAWARI-9, réflectivités radar de précipitations et impacts de foudre du mardi 26 novembre 2024 à 14h00.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Au cours de la période du 23 au 28 novembre, les cumuls de précipitations les plus importants (supérieurs à 100 mm) ont été enregistrés sur le nord-ouest et l’est de la Grande Terre. Sur le nord-ouest entre Poya et Koumac, il est tombé l'équivalent de :
Sur l’est, il est tombé l'équivalent de :
Remarque : 1 mois de pluie = cumul mensuel habituellement mesuré en novembre (normale 1991-2020).
Cumuls de précipitations mesurés du samedi 23 novembre 12h00 au jeudi 28 novembre 12h00 2024. Seules les stations présentant des cumuls supérieurs à 20 mm sont étiquetées.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Seul le second système pluvieux était accompagné d’une activité électrique : 29 éclairs nuages-sol au total ont été enregistrés sur le domaine terrestre de la Nouvelle-Calédonie. Ils ont concerné la moitié nord de la Grande Terre uniquement.
C’est au cours du passage du premier système pluvieux que des rafales de vent remarquables ont été mesurées. De secteur Est à Sud-Est, elles ont généralement atteint des vitesses de l’ordre de 50‑60 km/h (27‑32 kt) sur le pays. La rafale maximale de 94 km/h (51 kt) a été mesurée à Montagne des Sources (Yaté) le dimanche 24 novembre à 21h12.
Vitesses maximales des rafales de vent mesurées du 23 au 28 novembre 2024.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Bilan établi avec les données disponibles le 16/12/2024.
Les heures indiquées sont les heures de Nouvelle-Calédonie.
Depuis le 11 décembre, des masses d’air chaud et instable circulent sur le pays et conditionnent la météo locale. Les températures ont été notablement élevées au cours de ces derniers jours et les précipitations observées du 13 au 15 ont revêtu par endroit un caractère remarquable.
Des cellules orageuses, parfois très actives, se sont développées et ont circulé aux alentours et au-dessus de la Nouvelle-Calédonie entre le 12 et le 15. Durant cette période, d’imposants cumulonimbus se sont formés rapidement et se sont succédé pour déverser des précipitations sur tout le territoire. Par endroit l’intensité des précipitations observées s’est avérée exceptionnelle.
Vue satellite (Himawari-9) de plusieurs cumulonimbus bourgeonnant autour de Maré, le 13 décembre 2024 à 6 h.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
C’est au cours des journées du 13 au 15 décembre que les précipitations les plus intenses ont été enregistrées, engendrant des cumuls parfois remarquables, notamment à Poya, Maré et Bélep.
À Maré, le 13 en matinée, le pluviomètre de Tadine a enregistré 217,8 mm en 6 heures, ce qui représente le 3e cumul en 6 heures le plus élevé enregistré par ce pluviomètre, après ceux du 15 juillet 2003 et du 9 avril 1993 (calculs depuis 1990).
À Poya, le même jour en début de soirée, le pluviomètre de Népoui a enregistré 76,5 mm en 1 heure, ce qui représente le 2e cumul horaire le plus élevé enregistré par ce pluviomètre, après celui du 24 décembre 2018 (calculs depuis 1990).
À Bélep, le 15 en début de matinée, le pluviomètre de l’aérodrome a enregistré 69,2 mm en 1 heure, ce qui représente le 3e cumul horaire le plus élevé enregistré par ce pluviomètre, après ceux du 12 juillet 1999 et du 13 mai 2003 (calculs depuis 1994).
Du 13 au 15 décembre, des cumuls de plus de 70 mm ont été enregistrés un partout sur le pays. Tadine (Maré) enregistre le cumul maximal de 325 mm au cours des 3 jours. Pour Bélep, Moué (île des Pins), Népoui (Poya) et Tadine (Maré), les cumuls enregistrés en seulement 3 jours sont l’équivalent de 1 à 2 fois leur cumul mensuel moyen de décembre.
Cumuls de précipitations mesurés du 13 au 15 décembre 2024. Seules les valeurs des cumuls supérieurs à 70 mm sont affichées sur la carte.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Du 13 au 15 décembre, 1699 éclairs (nuage-sol et intra-nuages) ont été détectés sur le domaine terrestre de la Nouvelle-Calédonie. Les éclairs nuage-sol ont généré 308 impacts de foudre au sol, dont 45 ont été détectés à Lifou, 41 à Ponérihouen et 36 à Maré.
Nombre d’impacts de foudre au sol détecté par maille de 10 km x 10 km du 13 au 15 décembre 2024.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
La majorité des rafales maximales ont été enregistrées le 14 et sont globalement comprises entre 37 km/h (20 kt) et 56 km/h (30 kt) sur le littoral. La rafale maximale de 81 km/h (44 kt) a été mesurée dans la chaîne à Montagne des Sources (Yaté) le 14 décembre à 00h00.
Vitesses maximales des rafales de vent mesurées du 13 au 15 décembre 2024.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Bilan établi avec les données disponibles le 18/11/2024.
Les heures indiquées sont les heures de Nouvelle-Calédonie.
Jeudi 14 novembre, une masse d’air chaude, humide et instable descend sur le pays. Durant les 3 jours qui suivent, jusqu’au dimanche soir, la Nouvelle-Calédonie reste dans un environnement propice au développement de cellules nuageuses convectives à l’origine d’averses localisées et d’impacts de foudre.
Vendredi 15 novembre après-midi, un axe pluvio-orageux se forme le long de la grande Chaîne sur la moitié sud de la Grande Terre et une cellule orageuse se développe sur Lifou.
Dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 novembre, des cellules orageuses se développent sur le bassin des Loyauté. Elles épargnent la Grande Terre de leurs précipitations et de leur activité électrique. En revanche, en tout début de matinée du samedi 16, elles abordent Lifou, entraînant de fortes averses sur le flanc sud de l’île.
Les samedis 16 et dimanche 17 novembre en cours de journée, l’activité convective reprend sur les reliefs de la Grande Terre, notamment le long de la Chaîne. Tour à tour, pratiquement toutes les communes de la Grande Terre et des îles Loyauté, essentiellement leurs reliefs, sont touchées par des averses localisées et orageuses. Les communes du centre de la Grande Terre et de l’extrême sud ainsi que Lifou sont les plus concernées. Dimanche soir, l’activité pluvio-orageuse cesse partout.
Image satelllite infra-rouge HIMAWARI-9, réflectivités RADAR de précipitations et impacts de foudre du samedi 16 novembre 2024 à 14h00.
Sur l’ensemble de l’épisode, les cumuls mesurés sont très hétérogènes du fait du caractère localisé des averses. Les plus forts cumuls s’échelonnent entre 50 et 100 mm. Ils ont été mesurés sur les reliefs de la Chaîne des communes de Houaïlou, Bourail, Kouaoua, Thio, Boulouparis et Yaté, ainsi que sur le littoral des communes de Ponérihouen, Poindimié, Poya et Lifou. C’est à Poya que le cumul le plus élevé a été enregistré avec 104 mm en un peu plus de 3 jours. Ce cumul équivaut à 2 mois de novembre de précipitations à cet endroit. Les stations de Bourail et de Chepenehe (Lifou) ont enregistré 68 et 76 mm respectivement, soit l’équivalent d’un mois de pluie.
Sur les communes de Voh, Koné, Ouégoa, Poum, du Mont-Dore, de Ouvéa et de Maré, les pluviomètres ont enregistré des cumuls compris entre 21 et 50 mm. Ailleurs, ils sont inférieurs à 6 mm.
Sur les reliefs de la Chaîne, les averses ont été relativement intenses. À col des Roussettes, à Houaïlou, il est tombé 74,5 mm en 1 heure ce qui n’était jamais arrivé à cette station depuis le début des mesures en 1999.
Cumuls de précipitations mesurés du 15 novembre 00h00 au 18 novembre 07h00 2024. Seules les stations présentant des cumuls supérieurs à 5 mm sont étiquetées.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
Au cours de la période du 15 novembre 00h00 au 18 novembre 00h00 2024, 1 079 éclairs nuages-sol ont été détectés sur le domaine terrestre de la Nouvelle-Calédonie. Environ 80 % de ces éclairs se sont produits durant la journée du samedi 16 novembre, principalement sur les reliefs de la Chaîne.
Nombre d’éclairs nuages-sol par km² détecté entre le 15 novembre 00h00 et le 18 novembre 00h00 2024.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.
L’alizé de Sud-Est a soufflé de manière soutenue avec des rafales maximales de l’ordre de 45‑55 km/h (25‑30 kt) sur l’ensemble du pays. La rafale maximale de 64 km/h (35 kt) a été mesurée à Bouraké le samedi 16 novembre à 15h41.
Rafales maximales mesurées du 15 novembre 00h00 au 18 novembre 07h00 2024.
Source : Météo-France Nouvelle-Calédonie.