ULA est le premier phénomène de la saison cyclonique 2015-2016 du Pacifique Sud à concerner la Nouvelle-Calédonie.
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Image du satellite SUOMI-NPP du 10 janvier 2016 à 13h10 LOC |
Image du satellite AQUA du 10 janvier 2016 à 13h30 LOC |
© Centre de météorologie spatiale de Météo-France |
Une trajectoire insolite
ULA se forme entre les Samoa et la Polynésie Française le mercredi 30 décembre et se décale vers l'est-sud-est en se renforçant. Prenant cap au sud-ouest, il passe au nord de Niue le vendredi 1 janvier. Devenu cyclone tropical de catégorie 3 (sur 5), ULA frôle l'île de Vava'u dans le Royaume des Tonga le 2 janvier, sans y causer d'importants dégâts. ULA ralentit ensuite sa progression. Le phénomène s'affaiblit nettement du 4 au 7 janvier pour redevenir une dépression tropicale faible alors qu’il contourne Fiji par le sud-ouest. Parvenu dans un environnement océanique et atmosphérique favorable à son intensification, ULA connaît un regain de vigueur le jeudi 7 janvier. Alors qu’il se trouve entre les îles Fidji et le Vanuatu, le phénomène passe du stade de dépression tropicale faible à celui de cyclone tropical en à peine 30h. Infléchissant sa trajectoire vers le sud-ouest à partir du samedi 9, c'est au stade de cyclone tropical de catégorie 4 (sur 5) qu'ULA pénètre notre zone de pré-alerte le dimanche 10 janvier 2016 aux aurores. Il se trouve alors à un peu plus de 100 km de l'île la plus australe de l'archipel vanuatais, Aneytum. Dans la soirée du dimanche 10, ULA fait cap au sud en direction de la Nouvelle-Zélande, ce qui l'éloigne définitivement de la Nouvelle-Calédonie.
Depuis 1970, ULA est le 72ᵉ phénomène à avoir atteint le stade de cyclone tropical dans la zone de pré-alerte. Bien qu’il n'ait occasionné aucun dégât sur le pays, ne vous-y-trompez pas, ULA est potentiellement destructeur. Avec des vents dont la vitesse maximale moyenne est estimée à 100 kt, ULA se classe aux environs de la 10ᵉ place, à égalité avec le cyclone GYAN qui, en décembre 1981, généra d’innombrables dégâts et causa la mort de 3 personnes, ou plus récemment le cyclone THEODORE qui ravagea les îles Loyauté en février 1994. Néanmoins, l'intensité maximale d'ULA est nettement en deçà de celle d'ERICA (115 kt en 2003) ou PAM (135 kt en 2015), le cyclone le plus violent jamais enregistré dans le Pacifique Sud.
Parmi les 156 phénomènes cycloniques tropicaux recensés dans notre zone depuis 1970, ULA se démarque surtout par son point d'entrée inhabituel. Il est en effet assez rare pour une dépression ou un cyclone de pénétrer la zone de pré-alerte par le bord est (méridien 172°E). Jusqu’à l'arrivée d'ULA, on n’en dénombrait guère plus de 15 phénomènes, dont les plus renommés sont FRAN et ALISON.
ULA se distingue également par son lointain périple depuis la Polynésie à hauteur du méridien 167°O. Avant de pénétrer dans notre zone, il aura parcouru environ 2300 km d'est en ouest, battant largement les précédents records de distance méridionale établis par BOB (1978) et SUSAN (1998) avec 1700 km.
Dans l'ombre du cyclone
Composition colorée des images produites à 10 janvier 2016 à 5h40 (LOC)
Himawari-8 (Japan Meteorological Agency)
Cette image du cyclone ULA, datée du dimanche 10 janvier 2016 à 5h40 (LOC), est une composition colorée réalisée par Météo-France NC à partir des observations du satellite géostationnaire japonais Himawari-8 dans les canaux infrarouge et visible.
On reconnaît nettement l'enroulement nuageux caractéristique d'un cyclone tropical. Mise en valeur sur cette image par des teintes blanches, cette structure est constituée de nuages très épais qui donnent lieu à d'intenses précipitations, les cumulonimbus. Dans ces bandes nuageuses, on distingue aussi quelques petites touches bleutées qui mettent en valeur les cristaux de glace qui composent la partie sommitale des cumulonimbus.
Bien à l'abri du tumulte, sur la Nouvelle-Calédonie, c'est la couleur jaune qui prédomine. Elle traduit la présence de nuages moins épais et plus chauds, tels que les stratocumulus et les petits cumulus, qui ne donnent que quelques petites pluies faibles.
ULA est un colosse. Les nuages qui le composent sont si épais qu'ils masquent les rayons encore rasant du soleil à plus de 100 km de la bordure ouest du cyclone. Maré et Tiga se retrouvent ainsi dans l'ombre d'ULA.
Quelles conséquences en Nouvelle-Calédonie ?
Les pluies
Le phénomène est passé au plus près de l’archipel calédonien le matin du 11, à environ 200 km à l’est-sud-est de Maré. Mais les bandes spiralées les plus actives du cyclone, celles qui génèrent les pluies les plus intenses, étaient concentrées autour de l’œil dans un rayon d’environ 100 km. Seules des pluies faibles ont touché le pays, essentiellement la moitié sud de la Grande Terre, l’île des Pins, Maré et Lifou. A Maré par exemple, un maximum de 10,1 mm a été mesuré par la station automatique de La Roche le 10. La quantité maximale de pluie enregistrée lors de l’épisode est de 63,5 mm par la station automatique de La Foa durant la journée du 11.
Le foudroiement
L'activité électrique est nulle. Le cyclone ULA n’a pas occasionné d’orages sur la Nouvelle-Calédonie.
Le vent
ULA a été assez compact, avec un rayon d’action peu étendu malgré son creusement et son intensification entre le 8 et le 11 janvier. Le pays est donc resté à l’écart des vents les plus puissants du phénomène, estimés à 185 km/h en moyenne avec des pointes à 260 km/h autour du centre.
Les rafales maximales mesurées par nos stations entre le 10 et le 11 janvier ne sont pas très marquées. Sur les îles Loyauté, leurs vitesses étaient comprises entre 40 km/h à Ouvéa et 47 km/h à Maré de direction sud à sud-ouest. Sur la Grande Terre, le vent de sud à sud-sud-ouest a atteint 68 km/h dans le sud du pays à la Montagne des Sources et jusqu’à 58 km/h dans le nord à Poingam.
La houle :
Du fait de son éloignement, le pays est resté à l’écart des vagues les plus fortes engendrées localement par le vent (rayon de 100 km environ autour du centre). En revanche, la houle cyclonique, qui peut se propager loin de son lieu de genèse, a atteint les côtes calédoniennes . Les plus exposées ont été les côtes sud et est de Maré et de l’île des Pins. On estime que la houle a atteint dans la soirée du dimanche 10 janvier une hauteur significative de 3,5 m avec une période de 12 s avant de s’atténuer progressivement lundi après-midi.
Lors du passage de ULA, c’est la houle qui aura finalement eu l’impact le plus significatif.
Dégâts :
Aucun dégât ni aucune victime n’est à déplorer.