La dépression tropicale SOLO a traversé la Nouvelle-Calédonie le week-end des 11 et 12 avril derniers. Découvrez le bilan provisoire.
Formation et trajectoire du phénomène
Un talweg de mousson s’étire de la Papouasie Nouvelle-Guinée jusqu’au nord du Vanuatu et se développe significativement à partir du 8 avril. Une dépression tropicale faible se creuse le 9 avril au sein de cette vaste zone dépressionnaire, à la limite intérieure nord-ouest de notre zone d’avertissement à environ 850 km dans le nord-ouest des Bélep.
L’environnement étant favorable à une intensification, cette dépression se creuse rapidement et atteint le stade de dépression tropicale modérée le vendredi 10 avril à 17 heures locales, moment où elle est baptisée SOLO par le CMRS de Nandi (Fidji). Elle adopte ensuite une trajectoire vers le sud en poursuivant son renforcement.
SOLO devient dépression tropicale forte le samedi 11 avril à 5 heures, alors qu’elle évolue à plus de 450 km dans le nord-est des Bélep. Elle continue sa descente vers le sud en s’intensifiant légèrement et atteint son pic d’intensité le samedi 11 avril en milieu de journée avec une pression minimale au centre estimée à 985 hPa (vents moyen près du centre de 100 km/h et rafales à 150 km/h). C’est à ce moment que SOLO incurve sa trajectoire vers l’est, puis le sud-est durant la nuit du samedi 11 au dimanche 12 avril. Sa trajectoire s’accélère et la rapproche dangereusement de la Nouvelle-Calédonie. Toutefois les conditions atmosphériques devenant moins favorables (température de l’eau de mer et vent en altitude), elle commence à faiblir à l’approche des Bélep.
Elle est déclassée dépression tropicale modérée à l’aube du dimanche 12 avril alors qu’elle se situe à près de 80 km dans l’est des Bélep. Elle évolue à ce stade toute la journée de dimanche, entre la Grande Terre et les Loyauté, générant des rafales de l’ordre de 100 km/h dans un rayon de 50 km autour de son centre. Elle passe finalement en marge sud des Loyauté (à moins de 30 km), se situant au large de Maré en fin d’après-midi, puis s’éloigne rapidement pour sortir de notre zone d’avertissement en fin de nuit du dimanche 12 au lundi 13 avril.
Fig. 1 : Composition colorée d'images satellite (MTSAT) samedi 11 avril 2015 à 12 h locales. |
Fig. 2 : Trajectoire de la dépression tropicale SOLO du 10 avril à 05 h au 13 avril 2015 à 05 h locales. |
Des précipitations intenses mais pas exceptionnelles
Fig. 3 : Cumuls maximums du 10 à 05 h au 13 avril à 05 h 2015 enregistrés par les stations automatiques de Météo-France.
Au total, entre le vendredi 10 à 05 h et le lundi 13 à 05 h, les cumuls les plus forts mesurés (dépassant les 100 mm) ont été enregistrés lorsque les cellules orageuses noyées dans l’amas dépressionnaire ont été bloquées par le relief (fig. 3). En trois jours, le cumul maximum mesuré est atteint dans la région de Goro avec 222 mm. Dans le nord, il n’est "que" de 129,1 mm à Pouébo.
En suivant la trajectoire de SOLO, on distingue assez logiquement deux phases. La première phase se déroule le 11 avril lorsque SOLO est encore dépression tropicale forte. Les îles Bélep, la province Nord et Ouvéa sont alors les régions plus arrosées. La seconde phase commence le 12 avril lorsque SOLO accélère vers le sud et devient alors dépression tropicale faible. Ce sont alors les îles de Lifou, Maré ainsi que l’île des Pins et principalement le sud de la Grande Terre qui sont les régions les plus arrosées. Voyons dans le détail ces deux journées.
Le 11 avril, les noyaux de fortes précipitations ont commencé à toucher les Bélep vers midi : il a été enregistré un cumul de 104,6 mm en 12 h le 12 avril à 01h06 du matin. Cette intensité est certes conséquente mais pas inhabituelle : il s’agit d’une quantité qu’on rencontre au moins une fois par an aux Bélep. Il en va de même pour les communes de Pouébo (120,3 mm), Koumac (93,2 mm) et Ouaco (98,4 mm). L’analyse des données RADAR indique des valeurs similaires. Les noyaux de fortes précipitations sont restés accrochés au Mont Panié. Les pluies estimées par les RADAR sont comprises entre 120 mm sur Pouébo et 150 mm sur le Panié. Encore une fois, ce ne sont pas des cumuls inhabituels pour ces régions.
Le 12 avril, l’analyse des images RADAR et satellite indique que les cellules orageuses ont commencé à intéresser le sud du pays à partir de 02 h du matin. Les noyaux de fortes précipitations ont principalement concerné le sud de la Grande Terre, et notamment les communes de Thio et Yaté. On enregistre ainsi un maximum en 12 h dans la région de Goro de 201,4 mm (entre 6 h et 17 h) mais cette valeur est loin d’être inhabituelle puisqu’elle est atteinte une fois tous les deux ans. Sur la commun de Thio, la station de Borindi enregistre 120,9 mm en 12 h - cette quantité aurait un caractère exceptionnel si elle avait été atteinte en 3 heures.
Des rafales de 100 km/h aux îles Loyauté
Les premières rafales sont ressenties en province Nord dans la nuit du 11 au 12 avril avec 90 km/h maximum mesurés à Poingam le 11 en soirée. SOLO, classée alors dépression tropicale forte, se situe environ à 250 km environ au nord-ouest des Belep.
Elle s’affaiblit ensuite en progressant vers le sud-est et repasse dépression tropicale faible lors de la journée du 12 avril. Toutefois, avec une trajectoire entre la Grande Terre et les Loyauté, les rafales s’étendent sur le reste du pays et restent soutenues.
Les îles Loyauté, situées alors seulement à une trentaine de kilomètres à l’est du centre de la dépression pendant l’après-midi du 12, enregistrent logiquement les plus fortes rafales avec 100 km/h à Ouanaham et 96 km/h à La Roche. Ces valeurs sont conformes à l’intensité estimée du phénomène et à l’environnement géographique des postes.
Fig. 4 : Rafales de vent les plus fortes enregistrées entre le 10 et le 12 avril 2015.
Dégâts
Il s’agit d’un bilan provisoire dont les informations sont à confirmer par la DSCGR. Toutefois, il semblerait qu’on dénombre une victime indirecte.
Les dégâts significatifs et autres perturbations ont principalement été causés par les rivières en crues. Il s’agit en particulier du nord-est de la Grande-Terre : réseau routier secondaire impraticable par endroits et réseau d’eau potable détérioré pour la commune de Pouébo.