Rédigé par Chris Landsea

La méthode de Dvorak permet d’estimer l’intensité d’un cyclone tropical à partir des images satellite. Vernon F. Dvorak a développé cette méthodologie en utilisant des schémas types d’aide à la décision (Dvorak 1975, 1984).
On compare l’image satellite en temps réél d’un cyclone tropical à un certain nombre de schémas types possibles :

  • Bandes Incurvées
  • Cisaillement
  • Œil
  • Couverture Nuageuse Centrale Dense (CDO)
  • Centre Noyé dans la Masse
  • Couverture Nuageuse Centrale Froide (CCC)

Quand le cyclone a un œil (ce qui est généralement le cas pour les ouragans, les forts cyclones tropicaux et les typhons), on utilise l'image infrarouge pour calculer la différence de température entre l'œil qui est chaud et le sommet des nuages environnants qui est froid. Plus cette différence est grande, plus le cyclone est intense. On en déduit le "nombre T" ainsi qu’un "Nombre CI" (intensité en temps réel). Les reconnaissances aériennes sur les bassins Atlantique et Pacifique Nord-Ouest ont permis de calibrer ces nombre CI. Ils correspondent en moyenne aux intensités suivantes :

Nombre CIVent moyen maximum sur une minute
(kt)
Pression centrale (hPa)
Atlantique Pacifique Nord-Ouest
0.0 <25 ---- ----
0.5 25 ---- ----
1.0 25 ---- ----
1.5 25 ---- ----
2.0 30 1009 1000
2.5 35 1005 997
3.0 45 1000 991
3.5 55 994 984
4.0 65 987 976
4.5 77 979 966
5.0 90 970 954
5.5 102 960 941
6.0 115 948 927
6.5 127 935 914
7.0 140 921 898
7.5 155 906 879
8.0 170 890 858

Remarque : les estimations des vents et de la pression au centre supposent que ceux-ci restent cohérents. Néanmoins, les vents étant en réalité dépendants du gradient de pression, les petits cyclones tropicaux (comme ANDREW en Atlantique en 1992 par exemple) peuvent être caractérisés par des vents plus forts pour une pression au centre donnée que des cyclones tropicaux plus grands ayant la même pression au centre. Il faut donc faire preuve de prudence et ne pas chercher à absolument faire rentrer un cyclone tropical dans une des correspondances vent/pression du tableau ci-dessus.

On attribue des pressions plus basses aux cyclones tropicaux du Pacifique Nord-Ouest qu’à ceux du bassin Atlantique parce qu’on ne dispose pas du même recul climatologique. Les données de champ de pression au niveau de la mer sur le Pacifique Nord-Ouest sont récentes. Il a donc fallu diminuer les valeurs du champ de pression pour les accorder au champ de vent.

En comparant la méthode de Dvorak et les mesures par reconnaissance aérienne sur le Pacifique Nord-Ouest, on trouve une erreur moyenne d’environ 10 hPa avec un écart type de 9 hPa (Martin et Gray 1993). Il est probable que les estimations concernant les cyclones tropicaux en Atlantique présentent des erreurs du même ordre. Un ouragan de l'Atlantique dont le nombre CI est de 4,5 (vents de 77 kt et pression 979 hPa) peut donc en réalité avoir des vents compris entre 60 et 90 kt et une pression entre 989 et 969 hPa. Ce sont des intervalles moyens mais les erreurs peuvent être plus importantes. Toutefois, en l’absence d’autres observations, la méthode de Dvorak permet au moins de donner une estimation cohérente de l’intensité réelle.

Bien que la méthode de Dvorak ait été calibrée pour les bassins Atlantique et Pacifique Nord-Est grâce aux données observées par reconnaissance aérienne, elle présente aussi un intérêt pour les autres bassins qui disposent de moyens d’observation limités. Toutefois, à un certain point, il serait préférable de la dériver à nouveau pour calibrer les cyclones tropicaux avec les données disponibles dans les autres bassins.

Depuis peu, bien que la méthode de Dvorak ait pour objectif principal d'estimer l'intensité réelle d'un cyclone, elle permet également d’obtenir une prévision de l'intensité à 24 heures en extrapolant la tendance du CI. On ne sait pas si cette méthode fournit des prévisions fiables.


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