Du 14 au 18 octobre 2019, 50 climatologistes représentant 14 services météorologiques nationaux de la région Pacifique se sont réunis à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à Nouméa, avec le soutien du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.
Le déroulement du forum
Ce séminaire d'échanges, de travail et de formation sur la prévision saisonnière dans le Pacifique est le 5ème du genre organisé annuellement par le PROE (Programme Régional Océanien de l'Environnement, SPREP en anglais), l'OMM (Organisation Météorologique Mondiale) et d'autres organisations internationales et régionales.
Plusieurs évènements étaient au programme :
- Du 14 au 16 octobre, des institutions sud-coréennes, l'APEC Climate Center (APCC) et l’Université des Sciences et de la Technologie de Pohang (POSTECH) ont organisé un atelier de formation à des outils de prévisions saisonnières de précipitations (PICΛSO et CLIK-P)
- Du 17 au 18 octobre, les climatologistes du Pacifique se sont à nouveau réunis à l'IRD au forum sur les perspectives climatiques des îles du Pacifique (PICOF), plate-forme qui permet le dialogue entre les fournisseurs et les utilisateurs d'informations sur le climat. Organisée chaque année avant le début de la saison cyclonique, ce forum a deux objectifs :
- Rédiger une déclaration commune sur les perspectives climatiques régionales prévues pour la saison chaude à venir (activité cyclonique, ENSO, températures, précipitations).
- Discuter des actions qui peuvent être entreprises au niveau national pour atténuer les impacts du climat sur un secteur économique en particulier et améliorer les services climatiques. En 2019, le forum a ciblé ses discussions sur le secteur agricole avec des représentants de la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
© Philip Malsale, SPREP |
Les conclusions pour la zone Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna
A l’issue de ce forum, Météo-France Nouvelle-Calédonie et Météo-France Polynésie Française ont apporté leur expertise en matière de climatologie pour l’élaboration du consensus régional pour les îles du Pacifique sur les conditions climatiques et océaniques fin 2018/début 2019 et les perspectives du climat et de la saison cyclonique fin 2019/début 2020. Voici en résumé ce que l'on peut retenir pour la région, et plus particulièrement en Nouvelle-Calédonie et à Wallis et Futuna.
Perspectives du climat et de la saison cyclonique fin 2019/début 2020
- Concernant le phénomène ENSO (El Niño Southern Oscillation), le scénario le plus probable est que les conditions actuellement neutres (ni Niño, ni Niña) persistent fin 2019/début 2020.
- Pour la saison 2019-2020, une activité cyclonique proche de la normale est prévue pour l’ensemble du bassin Pacifque Sud. Météo-France ne privilégie aucun scenario pour la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna. Comme chaque année à la même période, le Caillou et le Fenua entre ce 1er novembre dans une période propice au développement des phénomènes cycloniques. Les conséquences dévastatrices d'EVAN à Wallis-et-Futuna en 2012 et de COOK et DONNA sur la Nouvelle-Calédonie en 2017 sont encore présentes dans nos mémoires pour nous inciter à faire les préparatifs nécessaires.
- Les précipitations risquent d'être inférieures à la normale sur la mer de Corail et la Nouvelle-Calédonie au cours des 3 prochains mois. Sur Wallis et Futuna, elles seraient conformes à supérieures à la normale.
- La température de l'air risque d'être globalement supérieure à la normale sur l'ouest du bassin y compris sur Wallis-et-Futuna. Sur la Nouvelle-Calédonie, on s'attend à une température proche de la normale.
- Le risque de blanchissement des coraux est accru entre Nauru et les Kiribati.
- Par endroits, dans le Pacifique tropical Nord et le Pacifique Sud (au nord de Fidji), le niveau de la mer risque de rester au-dessus de la normale au cours des 3 à 6 prochains mois. Ailleurs, il devrait être proche de la normale.
Climat et agriculture
Dans l'ensemble du Pacifique, le taux de croissance annuel moyen de l'agriculture a diminué depuis 1990, ce qui a entraîné une diminution des contributions au produit intérieur brut. Dans un monde qui se réchauffe, les zones où les cultures sont adaptées évoluent. Or, dans le Pacifique, il existe peu de pays où les services agricoles sont actuellement en mesure d'accéder à des informations climatiques spécifiquement adaptées à leurs besoins décisionnels. La mise en place de mécanismes et de produits visant à accroître l'échange régulier et systématique d'informations entre les services météo et le secteur agricole est une priorité. Les services météo doivent étoffer leur catalogue de produits climatiques adaptés aux besoins agricoles, en intégrant si possible des éléments de connaissances traditionnelles.