De nombreux sites Internet proposent des prévisions météorologiques, donnant ainsi l'impression que toute l'information est disponible facilement pour le grand public. Pourtant, ces informations ne sont pas toujours identiques à celles que propose Météo-France... alors que penser ?

Il faut tout d'abord savoir que la plupart de ces sites mettent à disposition des prévisions issues de modèles numériques : ainsi, certains sites très connus utilisent le modèle américain " GFS ". Ils affichent des prévisions brutes, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'expertise humaine validant la pertinence de ces prévisions, ni d’adaptation aux conditions régionales (donc pas de prise en compte des effets locaux, ni des erreurs du modèle à l'état initial par exemple – voir ci-dessous). Ces sites ou portails météorologiques, souvent très bien faits en termes de présentation graphique, livrent donc un maximum d'informations de façon automatique, mais sans se soucier véritablement de leur fiabilité. Il n'est pas question ici de remettre en cause la qualité des modèles qu'ils utilisent - le modèle GFS est un très bon modèle - mais plutôt de sensibiliser aux limites d’utilisation des prévisions automatiques circulant sur le web.


Pour comprendre pourquoi il ne suffit pas de regarder les sorties de modèle pour effectuer une prévision, revenons sur les étapes de la prévision ainsi que sur les techniques utilisées (source : www.meteofrance.fr/web/comprendre-la-meteo/prevoir-le-temps/la-prevision-du-temps/les-techniques-de-prevision)
Pour les échéances allant de quelques heures à 3 ou 4 jours, on peut employer une technique appelée prévision « déterministe ». Elle repose sur l'utilisation de modèles numériques de prévision du temps qui simulent le comportement de l'atmosphère en s'appuyant sur les équations de la physique et de la thermodynamique.
La première étape de la prévision déterministe consiste à établir à partir des observations une représentation en 3 dimensions du temps qu'il fait, c'est-à-dire un état initial de l'atmosphère. Le modèle calcule ensuite l'évolution de divers paramètres météorologiques (pression, température, vent, etc.) au fil du temps. En partant d'un état déterminé de l'atmosphère, le modèle élabore un seul scénario d'évolution de ces paramètres, d’où le terme de prévision « déterministe ».
Mais les résultats de ces simulations ne constituent pas encore une prévision : ils doivent être ensuite analysés par un prévisionniste qui connaît les limites du modèle (certains effets très locaux, par exemple, ne sont pas reproduits par les modèles de plus grande échelle). Le prévisionniste ajuste, modifie et traduit les résultats en termes de temps « observable » (ou temps sensible), comme la durée et l'intensité des précipitations, les températures minimales et maximales, l'apparition d'orages, de rafales de vent, etc. et ceci pour chaque zone dont il doit rendre compte.

Il faut également savoir que cette approche déterministe ne permet pas d'évaluer les incertitudes qui pèsent sur l'unique scénario de prévisions retenu. En effet, si la description de l'état initial de l'atmosphère et le modèle étaient parfaits, la prévision déterministe serait d'une rigueur mathématique implacable. Mais dans les faits, ils sont l'un et l'autre entachés d'incertitudes : erreurs de mesure, zones sans données, paramètres de modélisation, etc. Les lois qui régissent l'évolution de l'atmosphère, comme pour d'autres systèmes physiques qu’on appelle « chaotiques », ont la propriété d'amplifier ces défauts au fil du temps. De petites erreurs sur l'analyse peuvent ainsi fausser la prévision, et ce d'autant plus que l'échéance visée est lointaine.

Ainsi les prévisionnistes utilisent de plus en plus une méthode qui permet de tenir compte de ces incertitudes: la prévision d'ensemble (ou probabiliste). Elle consiste à réaliser des simulations à partir de plusieurs descriptions de l'état initial de l'atmosphère différentes. Ces dernières ne sont pas choisies au hasard : elles sont représentatives des incertitudes identifiées qui pèsent sur les mesures. La prévision d'ensemble fournit ainsi plusieurs scénarios d'évolution de l'atmosphère. Leur convergence ou leurs divergences renseignent les prévisionnistes sur la probabilité d'occurrence de chaque scénario : ils peuvent ainsi choisir le plus probable et quantifier l'incertitude qui pèse sur cette prévision.

Pour reprendre l'exemple du modèle GFS très largement utilisé par les sites disponibles sur Internet, il s’agit d’un modèle dit « déterministe ». Comme expliqué ci-dessus, il élabore un seul scénario de prévision à partir d'un état initial de l'atmosphère et une petite erreur dans la simulation de l'atmosphère du modèle à l'état initial peut générer une grosse erreur de prévision, notamment pour les échéances supérieures à 4 jours. Pour ajuster la prévision au fur et à mesure, les modèles sont d’ailleurs " lancés " plusieurs fois par jour (en général entre 2 et 4 fois). Il faut donc rester prudent sur les prévisions très fines disponibles pour des échéances supérieures à 4 jours.

Les prévisionnistes de Météo-France utilisent plusieurs types de modèles. Ils analysent le temps qu'il fait, déterminent le modèle le plus réaliste, tiennent également compte des effets du relief de la Nouvelle-Calédonie sur le vent, la répartition des pluies, etc. Cette expertise, permet dans la grande majorité des cas, d'améliorer les prévisions brutes des modèles, notamment pour la prévision à courte échéance, jusqu'à 2-3 jours. Par exemple, l'effet de brise, qui renforce l'alizé sur nos côtes lors des belles journées d'été, est généralement sous-estimé par les modèles numériques de prévision. Nos prévisionnistes en tiennent compte, et même s’il arrive que l’ajustement ne soit pas toujours suffisant, nous sommes généralement bien plus réalistes dans ce type de situation que les prévisions brutes de GFS disponibles sur d’autres sites Internet.

On l'a vu précédemment, la fiabilité de la prévision diminue à mesure que l'on s'éloigne de l'état initial. Pour cette raison, nous adaptons notre vocabulaire et la précision de nos prévisions en fonction de l'échéance. On parle dans nos bulletins de prévisions jusqu'à 24 heures, d'aperçu jusqu'à 3 jours et de tendance de 4 à 7 jours. Par exemple, lorsqu’une dépression tropicale est en tout début de formation près des îles Salomon, on pourra commencer par annoncer une dégradation du temps pour les échéances supérieures à 4 jours, puis les bulletins se feront de plus en plus précis au fur et à mesure que le scénario s’affinera.

Une de nos missions principales est d'assurer la sécurité des personnes et des biens en Nouvelle-Calédonie et à Wallis-et-Futuna. Nos bulletins de sécurité sont réalisés lorsque les prévisions sont jugées suffisamment fiables et qu'elles montrent une probabilité non négligeable d'avoir des conditions météorologiques dangereuses, avec bien sûr l'objectif de prévenir la population dans un délai suffisant. Cette approche est sensiblement différente de celle des sites de prévisions automatiques qui diffusent leurs informations au fil de l'eau.
Néanmoins, nous sommes conscients des progrès encore à accomplir et c'est dans cet esprit que nous poursuivons nos efforts pour améliorer encore nos prévisions et en particulier celle des phénomènes dangereux.

Pour en savoir plus : le site national de Météo-France

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