OLA a été le premier phénomène de la saison cyclonique 2014-2015 du Pacifique Sud à concerner la Nouvelle-Calédonie.
Formation et trajectoire du phénomène
Le vendredi 30 janvier, une dépression tropicale faible se forme à environ 500 km dans le nord-ouest des Bélep dans une vaste zone de basses pressions qui s’étend du nord de l’Australie jusqu’à Wallis et Futuna.
L’environnement étant favorable à son intensification, cette dépression atteint le stade de dépression tropicale modérée le samedi 31 janvier à 9 heures locales. Elle est alors baptisée OLA par le CMRS de Nandi (Fidji).
Poursuivant sa trajectoire au sud-sud-est en se renforçant, OLA, devenue dépression tropicale forte, passe au plus près du nord de la Nouvelle-Calédonie au cours de la journée du dimanche 1er février, à environ 150 km dans l’ouest des Bélep.
L’atmosphère restant favorable à son développement, OLA devient un cyclone tropical en fin de journée de dimanche, alors qu’il se situe à plus de 200 km dans l’ouest de Koumac. Sa trajectoire s’est infléchie vers le sud ; il s’éloigne petit à petit de la Grande Terre. Son intensité, elle, continue de se renforcer. OLA atteint sa puissance maximale dans la nuit de dimanche : pression estimée à 960 hPa et rafales maximales de 200 km/h près du centre.
Le lundi 2 février, OLA s’éloigne davantage de la Grande Terre en incurvant sa trajectoire vers le sud-ouest. En fin de journée, il est déjà à plus de 500 km à l’ouest de Nouméa. OLA faiblit ensuite dans sa descente vers le sud, il quitte notre zone d’avertissement dans la matinée du mardi 3 février.
Des précipitations substantielles, mais pas exceptionnelles
OLA était précédée de quelques bandes convectives, générant des amas orageux propulsés dans un flux humide et rapide de secteur nord-est. On a observé de nombreuses « vagues » de cellules orageuses d’intensités modérées, dont la répétition tout au long de l’épisode permis d’enregistrer des cumuls de pluies assez importants, sans toutefois être exceptionnels.
Composition colorée d'images satellite (dimanche 1er février 2015 à 9h locales)
Les noyaux de fortes précipitations ont principalement concerné la Grande Terre, laissant les îles Loyauté à l’écart. Comme on peut le voir sur la carte ci-dessous, les cumuls les plus forts (dépassant les 100 mm) ont été enregistrés sur le relief. C’est à la station de Méa que l’on a mesuré la quantité de pluie la plus élevée avec 249,3 mm. Viennent ensuite Tango dans le nord avec 152,6 mm, Camp des Sapins dans le sud avec 189,9 mm puis Montagne des Sources avec 132,5 mm. Près des côtes, c’est à Hienghène que l’on a mesuré le plus de précipitations avec 166,2 mm, suivi de Tiebaghi sur la côte Ouest avec 188 mm et enfin Canala avec 131,6 mm.
Cumuls maximums enregistrés par les stations automatiques de Météo-France du 30 janvier au 1er février 2015
Le 31 janvier, de l’air chaud et humide pris dans un flux de nord-est s’est accumulé sur le nord de la côte Est et s’est soulevé au-dessus de la chaîne montagneuse, débordant ainsi en partie sur la côte Ouest. Ce jour-là, ce sont donc les communes du nord-est, de Ouegoa à Touho, qui ont été le plus arrosées. Sur la côte Ouest, les débordements de pluies sur la Chaîne ont surtout arrosé les communes de Voh et Koumac.
Le 1er février, les pluies se sont déplacées sur la moitié sud de la Grande Terre, arrosant fortement le relief. Les pluies les plus soutenues sont concentrées sur le centre de la Grande Terre. Les noyaux de fortes précipitations s’étendent entre le massif du Humboldt et la commune de Houaïlou.
Les images RADAR de ces deux journées montrent que les quantités de précipitations tombées sur le relief ont été supérieures à 150 mm en 24 h. Entre le 31 janvier à 5h et le 2 février à 5h, on peut même estimer que des valeurs voisines de 300 mm ont pu se produire sur certains massifs montagneux, comme celui du Panié. Malheureusement, à l’exception de la station de Méa, nos stations automatiques, pour la plupart situées en plaine et donc à l’écart des noyaux de fortes précipitations, n’ont pas pu enregistrer de telles valeurs.
Un vent pas si impétueux
OLA a été assez compacte, avec un rayon d’action peu étendu malgré son creusement et son intensification entre le 30 janvier et le 2 février. Le pays est donc resté à l’écart des griffes de la dépression.
C’est dans la nuit du 31 janvier au 1er février que les premières rafales se font ressentir dans l’extrême nord avec 100 km/h mesurés à Poingam. Puis, lors de la progression d’Ola vers le sud, les rafales s’étendent d’abord dans l’axe des vallées de la chaîne le 1er février où 100 km/h sont enregistrés à Montagne des Sources, puis sur la côte Ouest le 2 février où elles atteignent 90 km/h à Nessadiou.
Ces valeurs sont conformes à l’intensité estimée du phénomène et à l’environnement géographique des postes.
Rafales de vent les plus fortes enregistrées entre le 31 janvier et le 2 février 2015
Une activité électrique modérée
Le cyclone OLA s’est accompagné d’orages qui ont principalement touché le tiers nord de la Grande Terre. Sur toute la durée du phénomène, l’activité électrique n’a été soutenue qu’au cours de l’après-midi du 30 janvier et jusque dans la nuit du 30 au 31 janvier. Environ 8 000 arcs électriques (50 % de type nuage-sol et 50 % de type intra-nuage) ont été détectés dans un rayon de 300 km autour de la Grande Terre entre le 30 janvier à 12h et le 31 janvier à 12h, heures locales (figure ci-dessous).
Localisation des arcs électriques détectés entre le 30/01 à 12h et le 31/01 à 12h (heures locales).
Par rapport aux situations orageuses du mois de décembre 2014 - comme la journée de Noël au cours de laquelle nous avions relevé plus de 50 000 arcs sur la côte Ouest et aux abords des îles Loyauté – l’activité électrique s’est avérée finalement plutôt modérée.
Les dégâts
Il n’y a pas eu de dégâts significatifs mais plutôt des perturbations principalement causées quelques crues de rivières, en particulier sur le nord-est de la Grande Terre : inondations localisées, réseau routier secondaire impraticable par endroits, coupures de l’alimentation électrique pour 150 foyers de la commune de Hienghène le 1er février, etc.
Aucune victime n’est à déplorer.