Les informations ci-dessous tiennent compte des conditions météorologiques jusqu'au 30 septembre 2014 inclus.
Les mois d’août et septembre ont été humides, atténuant ainsi la sévérité de la sécheresse météorologique. Cependant, compte tenu des prévisions saisonnières qui annoncent des conditions plutôt sèches, il convient de rester attentif.
Bilan pluviométrique depuis janvier 2014
Les fortes pluies générées lors du passage de JUNE et d'EDNA ont laissé place à une longue période anormalement sèche depuis mars 2014, qui fût l'un des mois de mars les plus secs depuis le début de nos mesures. En revanche, depuis la fin du mois d’août, on observe quelques épisodes pluvieux substantiels, si bien qu’en août et septembre, on enregistre un excédent pluviométrique moyen de respectivement +20 % et +30 % par rapport à la normale (voir graphique ci-dessous).
Les conditions actuelles sont donc considérées comme normales voire humides (voir carte SPI-1 dans "La sécheresse"). Cependant, ne nous y trompons pas, nous sommes actuellement dans la période reconnue habituellement comme la plus sèche de l'année (août à octobre). Si l'on raisonne en valeur absolue, les quantités tombées sont en effet bien trop faibles pour compenser les déficits accumulés au cours des mois passés et qui ont significativement entamé les réserves. Les dernières précipitations ont seulement atténué la sévérité de la sécheresse météorologique.
Vous pouvez retrouver un certain nombre de relevés dans la rubrique "Climat" ou sur notre page "Agriculture" où vous pourrez également consulter les cumuls décadaires de pluie à Koné par exemple.
La sécheresse
On peut caractériser la sécheresse "météorologique" en calculant un indice appelé SPI (Standardized Precipitation Index) calculé sur une profondeur variable de 1 à 6 mois, mais l'indice lui-même peut être calculé pour des périodes jusqu'à 24 mois.
Si la sécheresse météorologique actuelle est généralisée, toutes les communes ne sont pas logées à la même enseigne. On observe en effet des disparités dans la sévérité de la sécheresse.
Les cartes ci-dessous indiquent les intensités de la sécheresse par zone. Si on ne s’intéresse qu’au mois de septembre (SPI-1), on remarque que le pays est dans des conditions normales voire localement humides comme à Maré et à Ouvéa. Cela a eu pour effet d’atténuer la sévérité de la sécheresse des six derniers mois d’extrême à modérée (SPI-6), soit une durée de retour comprise entre 6 et 10 ans. Pour les points en rouge sur la carte, on estime que la durée de retour d'un tel déficit est supérieure à 40 ans.
Pour plus d'informations sur les types de sécheresse et le SPI, consulter la rubrique "Aller plus loin" en fin d'article.
Zoom sur la zone Voh-Koné-Pouembout :
Depuis mars 2014, la sécheresse ne cesse de prendre de l'ampleur. En effet, à l’exception de celui d'août 2014, quasiment tous les cumuls mensuels mesurés sont inférieurs à leur valeur normale. Le vent a également contribué à l'assèchement des sols, notamment durant les mois de mars, avril, mai et juin où le régime d’alizé a été très largement dominant (avec des vitesses bien supérieures à la normale pour mars et avril). Les mois d’avril et juin ont été également plus chauds, ce qui a renforcé l’évapotranspiration du couvert végétal. Les rapports à la normale montrent que depuis le mois de mars, le déficit moyen sur les trois stations est de 60 %. Les mois les plus affectés sont mars, avril et juin où l’on atteint un déficit de 80 %. Au cours de ces périodes, la sécheresse météorologique est modérée. Les cumuls mensuels de mars 2014 pour Voh et Koné sont les plus faibles enregistrés depuis le début des mesures à ces stations : ils se classent respectivement en première et deuxième positions. |
Evolution du SPI à Koné |
Autres graphes d'évolution du SPI : Boulouparis, Bourail, Koumac, La Foa, Ouanaham, Poindimié
Quelle tendance ?
- Pour les prochaines semaines
Semaine | Scénario privilégié |
Prob. pluies<normale (1er tercile) |
Prob. pluies > normale (3ème tercile) |
06/10 -12/10 | Plus humide | < 10 % | > 70 % |
13/10 - 19/10 | Normal à sec | 40-50 % | 20-30 % |
20/10 - 26/10 | Normal à sec | 40-50 % | 20-30 % |
27/10 - 02/11 | Indéterminé | 20-40 % | 20-40 % |
Prévisions du ECMWF EPS-Monthly Forecasting System
(prévision réalisée le 02/10/2014 – taille de l'ensemble = 51)
Source : http://www.ecmwf.int/en/forecasts/charts/mofcmulti/weekly-terciles-extended-range-forecast
- POUR LES PROCHAINS MOIS
Le scénario le plus probable à ce jour est que les quantités de pluie soient proches ou inférieures aux normales durant le trimestre septembre-octobre-novembre (pour plus de détails, consulter le Bulletin Mensuel de Prévisions Saisonnières). Rappelons que les mois à venir sont habituellement les plus secs. Ils représentent moins de 20 % des pluies annuelles.
Probabilité pour chaque trimestre | ||||
Scénarios | OND 2014 | NDJ 14/15 | DJF 14/15 | JFM 2015 |
Plus sec | 45 % | 50 % | 50 % | 55 % |
Normal | 35 % | 40 % | 40 % | 30 % |
Plus humide | 20 % | 10 % | 10 % | 15 % |
Le scénario le plus probable est donc l'accuentation du déficit hydrique pour le trimestre à venir.
A noter qu'un épisode de précpitations localisé ou généralisé peut faire remonter les bilans mais ne suffirait pas, actuellement, à reconstituer les réserves.
Pour aller plus loin
Qu’appelle-t-on "sécheresse" ?
Il existe plusieurs définitions. On parle de sécheresse météorologique lorsqu’il y a un manque de précipitations significatif par rapport à la normale, et ce sur une longue durée. Mais on parle également de sécheresse :
- agricole, dès que le manque de précipitations ralentit ou empêche la croissance des plantes ;
- hydrologique, lorsque le manque de pluie affecte le niveau des eaux de surface et souterraines (rivières, lacs, nappes phréatiques, etc.) ;
- socio-économique, lorsque la demande pour un bien (quelle que soit sa nature : eau potable, nourriture, électricité, etc.) dépasse l’offre en raison d’une baisse de l’approvisionnement en eau due aux conditions météorologiques.
Un indice pour évaluer la sécheresse : le SPI
En météorologie, on calcule un indice appelé SPI (Standard Precipitation Index). Il s'agit d'un indice universel qui permet de caractériser les épisodes de sécheresse météorologique : une période de sécheresse débute lorsque cet indice devient systématiquement négatif et s’achève lorsqu’il redevient positif.
Il a été concu pour quantifier le déficit de précipitations pour plusieurs échelles de temps : 1 mois, 2 mois, etc. jusqu'à 24 mois. Ces laps de temps reflètent l'impact de la sécheresse sur la disponibilté des différentes ressources en eau :
- humidité dans le sol : anomalies sur une période courte ;
- niveau des réservoirs de stockage : anomalie à plus long terme.
Pour évaluer le niveau de sécheresse agricole, l'Organisation Météorologique Mondiale recommande de calculer la valeur du SPI sur des périodes de 1 à 6 mois.
Le tableau ci-dessous associe à chaque classe d'indice une qualification de l'évènement ainsi que la durée de retour associée.
Valeurs du SPI | Qualification | Durée de retour |
2,0 et plus | Extrêmement humide | ≥ 43 ans |
1,5 à 1,99 | Très humide | ≥ 15 ans |
1,0 à 1,49 | Modérément humide | ≥ 6 ans |
-0,99 à 0,99 | Proche de la normale | ≤ 6 ans |
-1 à -1,49 | Modérément sec | ≥ 6 ans |
-1,5 à -1,99 | Très sec | ≥ 15 ans |
-2,0 et moins | Extrêmement sec | ≥ 43 ans |
Et El Niño ?
Après une tendance vers le développement d’un épisode El Niño entre janvier et avril 2014, on observe depuis le mois de juillet une diminution sensible des anomalies de température à la surface de l’océan Pacifique équatorial. Les conditions actuelles sont toujours neutres mais la probabilité que l’été austral 2014/2015 soit marqué par une épisode E l Niño est néanmoins de 65 %. Or El Niño est souvent synonyme de faibles précipitations en Nouvelle-Calédonie (pour plus d’informations sur El Niño et ses impacts en Nouvelle-Calédonie, lire cet article).